La plupart des pays envahis réagissent aux flux migratoires devenus mal supportés, notoires et ostentatoires. Giorgia Meloni réduit de 75% l’immigration clandestine en Italie à l’instant même où elle encourage l’augmentation de l’immigration légale requise par les besoins de l’emploi local. Après le pénible feuilleton des flux subsahariens en Tunisie, l’actuel épilogue paraît clôturer un long prologue. Les ravages sauvages provoqués par le pillage à El Amra et Jebeniana exaspérèrent l’opinion publique et les mesures prises de nos jours inspirent aux citoyens l’impression de vivre la fin d’un scandale chassé par un élan d’authentique libération nationale.
Pour quelle raison, jusqu’ici, le refus du retour au pays a-t-il motivé les immigrés ? Fidèle à la codification convenue avec Meloni, la Tunisie empêche les Subsahariens de rejoindre l’Italie. En désespoir de cause, les clandestins finissent par davantage accepter le retour aux pays d’où ils sont partis.
Un effet domino joint trois points, le départ initial, puis le transit et enfin le paradis espéré.
Toutefois, ce constat substitue la simplicité à la complexité car il retient la description et laisse dans l’ombre le critère du « Que faire ? ». Lénine récuse pareille manière.
En effet, la tendance originelle de l’émigré incité au départ ne saurait demeurer sous-analysée. Pareille appréciation oriente l’investigation vers les racines de l’émigration clandestine. « Il n’est de science que du caché ».
L’exhumer invite à solutionner le problème escamoté. Car il n’existe pas de réponse nationale à une question mondiale. Focalisé sur un prétendu intérêt national, Trump s’en va jouer au golf tout comme pour fermer les yeux sur la colère montée contre lui à l’échelle planétaire. Or, c’est bel et bien à ce niveau global que le problème de la tarification douanière déclenche une effervescence générale. Le 5 avril, moins écervelé, Elon Musk, l’insomniaque, introduit la cacophonie.
A la barbe de Trump, il propose une suppression des taxes douanières entre l’Europe désunie et les États-Unis. La suggestion, géniale, conforte la suprématie impériale.
Or, une asymétrie fondatrice et fondamentale sous-tend l’actuelle mondialisation. Et c’est pour que le projet du Sud global tende à contrer le Nord impérial.
Tant que l’altermondialisme peine à rivaliser avec l’impérialisme, la question des flux migratoires continuera, sans doute, à recevoir des interprétations dérisoires et contradictoires.
Aujourd’hui, les sévères taxations douanières dirigent l’exploration vers deux paradoxes complémentaires. Le premier a trait à « la mise en présence de sociétés d’inégale puissance », écrivait Balandier. Le second cligne vers le nouveau statut de l’individu.
Commençons par le dédale de la première injonction paradoxale. Par les nouvelles taxations américaines, les pays semblables à la Tunisie pourraient être moins impactés que la Chine ou la Russie.
Ainsi apparaît l’infime avantage du grand désavantage. En effet, au plan de la balance commerciale, moins le pays détient de biens à exporter aux Etats-Unis, moins les mesures douanières du cerbère dérangent ses affaires. Le décalage introduit en matière de prégnance économique procure aux sociétés moins outillées une marge de manœuvre plus élargie. Raison et produit de la colonisation, le « sous-développement » offre l’occasion du développement. Dès l’indépendance, il n’est plus question de croiser les bras au pays de Bourguiba.
Passons au second paradoxe lié à l’actualité.
Trump, l’individu cinglé, tousse et le monde entier apprend ce que veut dire la perplexité. Avant lui, Hitler enseigne à Netanyahu la manière délétère de narguer l’humanité entière. Ce genre de personnage à enfermer dans une cage suggère un nouveau langage. Gurvitch mettait en perspective l’individu et la société.
Faudrait-il, maintenant, rapporter l’individu singulier à la mondialité ?