Élections : vers l’organisation d’un forum national sur l’autorégulation des médias

L’autorégulation des médias en relation avec la couverture des élections était au centre des discussions lors du séminaire organisé récemment par Media Development Center (MDC) à l’occasion de son dixième anniversaire. Cette rencontre s’est déroulée en présence de représentants d’organisations professionnelles, des universitaires et des experts. L’objectif étant d’aborder les défis posés en cette année électorale par excellence dans un contexte marqué par la mise en veille de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) et de l’Instance Nationale d’Accès à l’Information (INAI).

Étaient présents à cette rencontre Pr. Abdelkrim Hizaoui, président de MDC, les membres de l’association, les experts Mohamed Dhifi et Aymen Zaghdoudi.  Dr. Hamida Elbour, directrice du laboratoire de recherche de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), Taïeb Zahar, président de la Fédération tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ), Néji Bghouri, représentant de l’UNESCO à Tunis, Salwa Ghazouani, directrice du bureau régional de l’organisation « Article 19 », Nozha Ben Mohamed, de l’organisation « Journalistes pour les Droits de l’Homme », ainsi que Walid Mejri, fondateur et directeur du site Al Qatiba ont également pris part aux travaux de ce séminaire.

Lors de son mot d’ouverture, Pr Abdelkrim Hizaoui a rappelé que pour la première fois depuis 2014, le pays se prépare à des élections présidentielles sans la surveillance de la HAICA, après la suppression de ses compétences légales par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE). De même, l’INAI se retrouve paralysée depuis la fin du mandat de son président par intérim et l’absence de nomination d’un nouveau président, ce qui met en péril le droit du citoyen à l’information, garanti par la constitution.

Le séminaire a ensuite permis de passer en revue les évolutions du cadre légal régissant les élections, rappelant les dispositions du décret 116 de 2011 sur la liberté de communication audiovisuelle et la création de la HAICA. Il est apparu que le système de liberté établi en 2011 a été considérablement affaibli par les décrets présidentiels émis après le 25 juillet 2021, notamment le décret n° 54 de 2022 relatif à la lutte contre les crimes liés aux systèmes d’information et de communication, qui a presque annulé le décret n° 115 de 2011 garantissant la liberté d’expression.

Face à ces défis, les discussions ont porté sur les moyens d’activer les mécanismes d’autorégulation pour permettre aux professionnels des médias de surveiller la qualité des pratiques journalistiques et de limiter la surveillance judiciaire et sécuritaire. Les participants ont examiné des mesures pratiques pour renforcer les mécanismes existants au sein du Syndicat National des Journalistes (SNJT), tels que la plateforme de fact-checking, l’observatoire de surveillance et de documentation des violations des droits des journalistes, et le comité de déontologie journalistique. L’objectif est de les soutenir avec des ressources spécialisées en attendant que le Conseil de la Presse devienne pleinement opérationnel.

Certains participants ont proposé d’accélérer la mise en place du Conseil de la Presse pour combler le vide laissé par la mise en veille de la HAICA et de l’INAI. Le séminaire s’est conclu par une recommandation de tenir un forum national sur l’autorégulation, réunissant toutes les parties prenantes du secteur des médias.

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