La célèbre animatrice de RTCI,Donia Chaouch, vient d’annoncer, ce jeudi 1er août 2024, son départ de la radio.
Dans un message très émouvant publié sur sa page Facebook, l’animatrice a passé en revue les moments forts d’une carrière de plus de 40 ans.
Voici ce que la grande animatrice avait écrit : “Et voilà, j’en arrive à ce moment tant redouté par certains, tant attendu par d’autres : le clap de fin.
Je regarde dans le rétroviseur non sans émotion : plus de 40 ans en arrière…
Je n’avais même pas 16 ans lors de mon premier passage à la radio, invitée pour y lire mes poèmes.
Très vite, les choses se sont enchaînées et, paradoxalement, je n’ai jamais cherché à faire de la radio, c’est elle qui s’est imposée à moi.
À 17 ans, par un concours de circonstances, je me retrouvais être la plus jeune productrice de la radio, produisant une émission poétique quotidienne, et à 18 ans, poussée par ma marraine Faiza Ghachem, je débutais l’animation en direct.
Je me souviens qu’à plusieurs reprises, l’administration de l’époque m’avait proposé d’officialiser les choses en me titularisant, une offre que moi, étudiante à l’époque, avait déclinée la trouvant incongrue et rétorquant en riant : « Mais non, moi ici je viens par plaisir, pas pour travailler ».
D’ailleurs, c’est la télévision qui me titularisera quelques années plus tard alors que j’officiais comme téléspeakerine pour la 2ème chaîne d’expression française, mais ça, c’est une autre histoire…
Aujourd’hui, je mesure ma chance d’avoir pu exercer un métier aussi passionnant. Je crois que j’ai produit ou animé tous les types d’émissions en plus de 40 ans de radio : la poésie à mes débuts, les livres avec interviews d’auteurs, les jeux radiophoniques, les émissions grand public, les concerts live en direct du studio 8, les magazines (santé, cinéma), les débats de société, les confessions nocturnes, et même une chronique politique au lendemain de la révolution « Coups de cœur/coups de gueule » avec ce cher Anouar Moalla (chronique qui, malgré le vent de liberté qui flottait à l’époque, nous a valu quelques « remontages de bretelles »). Et puis, tous ces duplexes en direct : la couverture des festivals de Carthage, Tabarka, Hammamet, Dougga, El Jem, etc., les mondovisions…
Durant toutes ces années, j’ai présenté un nombre incalculable de spectacles, assuré l’ouverture, la clôture, la modération de tant d’événements nationaux et internationaux. J’ai eu la chance de pouvoir tendre mon micro à tant de personnes formidables, admirables…
La RTT, comme on l’appelait à l’époque, a toujours été comme une seconde famille pour moi.
Bien sûr, RTCI a pris le pas sur la télévision, mais je l’avoue, depuis que les voix emplies de soleil et d’éclats de rire de Adel, puis Hourya, Arij, Fatma, Salwa et Chokri se sont tues, je me sens bien seule dans les couloirs de la radio.
Certes, la nouvelle génération est là et a pris le relais, et j’ai eu le plaisir de former et d’encadrer nombre d’animateurs.
Certains n’ont fait que passer (peut-être déçus par le fait que la radio publique soit l’école de l’humilité ?).
Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui des animateurs « vedettes » sur d’autres chaînes radio et TV ou sous d’autres cieux, et c’est avec tendresse que je les vois évoluer.
Dieu merci, d’autres ont été contaminés par le virus RTCI et continuent d’œuvrer avec passion, malgré le manque de ressources humaines, de moyens, le matériel qui vieillit, les cachets si « petits » et épisodiques… Rien à voir avec les médias privés.
C’est le service public, et ceux qui ont choisi d’y rester le font par conviction, comme un sacerdoce, tout comme nos admirables blouses blanches dans nos hôpitaux ou nos enseignants. Merci à eux.
Je ne pourrai nommer ici toutes celles et ceux qui m’ont accompagnée, soutenue, encouragée tout au long de ce chemin. Cependant, je tenais à exprimer toute ma gratitude aux auditeurs de RTCI, sans qui nous n’aurions aucune raison d’être.
Merci de votre fidélité depuis tant d’années. Votre soutien et vos retours m’ont toujours été précieux et m’ont encouragée à donner le meilleur de moi-même.
À travers mes émissions, je n’ai jamais triché. J’ai toujours essayé, sans prise de tête, d’informer, de sensibiliser, de donner l’information utile, toujours dans le respect de mes auditeurs et de mes invités.
Enfin, à tout seigneur, tout honneur, cette carrière si riche, je n’aurais jamais pu l’accomplir sans le soutien constant de mes parents et de mon cher et regretté mari Nejib Belhedi qui m’a toujours encouragée, boostée, et forcée à me dépasser.
Merci à tous pour ces merveilleuses années.
Ce n’est peut-être qu’un au revoir…
Avec toute mon affection et mon meilleur souvenir.