Ça se corse, au fil des jours, entre le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, et Ennahdha. Un changement de position notable a été constaté chez la première force police à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) : alors qu’elle appelait, il y a à peine quelques jours, à l’élargissement de la coalition au pouvoir, Ennahdha semble avoir mis cette idée de côté puisqu’elle souhaiterait, à présent, voir Elyes Fakhfakh partir tout bonnement.
La dernière déclaration d’Abdelkarim Harouni, président du Conseil de La Choura du parti, en dit long sur les intentions d’Ennahdha. « Je conseille à Elyes Fakhfakh de démissionner », a-t-il lâché. On ne peut pas être plus clair et il faut le dire, c’était un appel manifeste à la démission, adouci par le petit « je conseille ». De plus, il émane du président de La Choura d’Ennahdha, soulignant le sérieux de tels propos.
Tacler Kaïs Saïed à travers Elyes Fakhfakh
Il est clair qu’Ennahdha cherche, à présent, à se débarrasser d’Elyes Fakhfakh qu’elle trouve, comme tant d’autres qui l’ont précédé, plutôt désobéissant et rebelle. Le parti islamiste veut laisser croire que les derniers soupçons de conflits d’intérêts touchant le Chef du gouvernement sont à l’origine de son changement de position, mais ce n’est que de la poudre aux yeux. Le parti islamiste était déjà au courant de ces soupçons bien avant le jour du vote de confiance à l’ARP, mais il a décidé de faire abstraction à la chose pour des questions, bien entendu, d’intérêts politiques.
A quoi veut jouer Ennahdha à présent ? Si Elyes Fakhfakh présente sa démission, le président de la République, Kaïs Saïed, va devoir désigner une autre personnalité. C’est, en tout cas, l’occasion rêvée pour Ennahdha de frapper Kaïs Saïed à travers Elyes Fakhfakh. L’échec d’Elyes Fakhfakh signifierait, en effet, signifierait l’échec de Kaïs Saïed car c’est ce dernier qui a désigné Fakhfakh.
Le Chef du gouvernement, d’autre part, pourrait solliciter, à nouveau, le vote de confiance, mais ce sera une partie d’échec incertaine pour l’un comme pour l’autre. Ennahdha n’aura pas la garantie de faire tomber le gouvernement actuel, d’autant plus qu’elle aura à présenter, le jour du vote, le remplaçant.
Bref, dans tous les cas, cela souligne une chose : Ennahdha n’a pas changé ses habitudes et c’est, une fois encore, son intérêt qu’elle cherche. Or, il faut savoir qu’il existe d’autres questions brûlantes à traiter outre la politique : l’économie et le pouvoir d’achat des Tunisiens. Le départ d’Elyes Fakhfakh n’est pas une certitude, surtout s’il arrive à tenir bon au Cheikh Rached Ghannouchi et à ses caprices. D’un autre côté, ce départ ne pourrait s’agir que d’une question de temps. Observons la suite.
F. K