La reprise de la production phosphatière éclaire la raison de sa longue paralysie antérieure. L’interrogation porte sur la signification de cette « raison ». En effet, il serait au plus haut point erroné d’inscrire pareille rationalité au pavillon de la gratuité. Cependant, si les protestataires arborent des raisons d’agir, cela ne veut pas dire qu’ils ont raison. Le vice de forme a partie liée avec l’unilatéralité. Car la paralysie prolongée de l’activité minière bute sur son absence de mise en relation avec une seconde raison, celle de la crise économique et financière affrontée par la société.
Aujourd’hui encore, la même question sévit : qui gouverne en Tunisie, Najla Bouden ou Taboubi ?
Voici donc l’illustration exemplaire de l’unilatéralité occultée : projeté par les défenseurs des émeutiers, un documentaire attirait une foule émaillée de militants fort médiatisés. Plusieurs venaient congratuler Ridha Raddaoui, principal avocat des insurgés. D’un bout à l’autre, le film exhibait les jets de pierres sur les voitures policières et les réactions sécuritaires.
Les mères en colère vocifèrent. Les bras levés au ciel, puis rabattus vers la terre, narrent le mélange de malheur et de fureur. Des émeutiers soulèvent leurs habits pour montrer les traces laissées. Un flot émotionnel inonde l’assistance bouleversée.
Acteur dans le documentaire et spectateur au mitan de la salle, Ridha Raddaoui retrace les péripéties des heurts, sans cesse renouvelées, entre caillasseurs et policiers. Au fil de ce long documentaire, Khadija Chérif cite les multiples démarches entreprises auprès d’organisations nationales et mondiales pour assurer la défense des émeutiers.
Acteur, lui aussi, Mokhtar Trifi dit : « Malmener un terroriste apte à fournir l’information requise par la traque de ses pareils pourrait sembler justifié, mais à quoi sert de frapper l’émeutier une fois neutralisé ? »
A ce reportage et aux réactions de l’assistance nombreuse, manque l’énonciation d’une indication. Pas la moindre allusion, si furtive soit-elle, ne cligne vers la paralysie de la production phosphatière et de ses répercussions sur l’économie du pays. Or deux versions, indissociables opèrent au cœur de la complexité inhérente à la problématique du bassin minier. Sur lui plane, selon Kant, une « antinomie ». Pour les dirigeants de la CPG, l’entreprise, déjà sous le poids du surnombre, ne saurait pomper l’ensemble de la jeunesse désœuvrée.
Mais celle-ci, talonnée par les impératifs de l’existence, outrepasse la vision des gestionnaires pourvus, eux, d’un salaire. Tels deux chiens de faïence, l’exigence productiviste et la revendication de l’emploi se regardent, pas toujours en croisant les bras.
Ainsi, l’actualité prend appui sur la rétrospective pour éclairer la perspective. Le talon d’Achille à traiter pointe vers l’unilatéralité. Regarder les émeutiers, mais occulter la productivité engagent l’investigation vers un sentier miné. A l’échelle personnelle ou groupale , une représentation unilatérale bloque la perpétuation de la communication. C’est l’instant où la violence occupe les territoires évacués par la connivence.
Une interrogation téléguide ma perception : A quoi pourrait bien me servir l’autre qui me parle ? Cet égocentrisme situe le souci de soi par-dessus le souci d’autrui.
Tel fut le programme des nahdhaouis montés à l’assaut du pouvoir et de l’avoir aux dépens de la Tunisie. Ils promirent Ennahdha et ils introduisirent ennakba.
De pareille calamité liée à la duplicité, fusa la raison de les avoir dégagés.