Et si la Tunisie devenait un hub régional de l'industrie 4.0 au lieu d'être une plateforme industrielle offrant des mains d'œuvre à bas coût ? C’est dans cette optique que s’inscrit le projet « Employment4Youth — L'Industrie 4.0 pour favoriser l'emploi des jeunes en Tunisie et en Côte d'Ivoire » dont le lancement officiel a eu lieu hier vendredi 30 septembre 2022.
Financé par le ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) pour une enveloppe totale de 6 millions d’euros soit environ 20 millions de dinars tunisiens, ce projet s’étalera sur trois ans et sera mis en œuvre par le ministère de l’industrie, des Mines et de l’Énergie en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Le "concept note" de ce projet a été signé lors d’une cérémonie officielle organisée afin de présenter les modalités opérationnelles de la mise en œuvre de ce projet, ses objectifs, ses composantes et ses activités.
Lors de son intervention dans le cadre de cette cérémonie, Mme Neila Nouira Gongi, ministre de de l’industrie, des Mines et de l’Énergie, a estimé que ce projet permettrait de créer pas moins de 1500 emplois directs et d’accompagner 110 entreprises dans leur transition d’une industrie traditionnelle vers une industrie intelligente à forte valeur ajoutée.
Elle a ajouté que la thématique de l’Industrie 4.0 s'inscrit parfaitement dans le cadre de la stratégie de l’industrie et de l’innovation à l’horizon dont le plan d’action a déjà démarré.
Elle a rappelé que cette stratégie vise à mettre en place un nouveau modèle de développement pour l’Industrie basé principalement sur l’innovation, la transition numérique, écologique et énergétique. Il s’agit d’une industrie hautement compétitive à l’échelle internationale avec un contenu technologique important qui permet une croissance inclusive et durable.
« Notre stratégie permettra de réaliser un développement régional et suscitera des actions ciblées et pointues dans des nouveaux domaines qui soient techniques, technologiques etc."a-t-elle affirmé.
Elle a assuré que cette stratégie soutiendra les PME mais aussi les startups opérant dans ces domaines ainsi que des filières de chaînes de valeurs dans des secteurs porteurs et à fort potentiel.
Dans ce contexte, la ministre de l’Industrie a affirmé que des actions sont en train d’être menées en vue de mettre en place un écosystème propice au développelent d’une industrie intelligente. Il s’agit en particulier des ministères de l’Enseignement, de la Recherche Scientifique et de la formation professionnelle. L’objectif étant de préparer les jeunes aux nouveaux métiers en adaptant les programmes de formation professionnelle et académiques aux nouvelles exigences du marché de l’emploi.
Mme Neila Nouira Gonji a souligné l’importance de la réussite de la transition numérique est dans la mise en place d’un écosystème propice à l’industrie 4.0 précisant que le plan national stratégique Tunisie digitale 2025 a été développé afin de positionner la Tunisie en tant qu'une référence internationale en la dotant d’une infrastructure technologie en phase avec une économie moderne.
« A travers cette vision, la Tunisie ambitionne de contribuer à la réduction des taux du chômage et à la création de l’emploi dans le secteur du numérique »a-t-elle affirmé. Et d’ajouter : « Notre nouveau projet avec l’ONUDI constitue un nouveau mécanisme qui contribuera à l’atteinte de nos objectifs en termes de transition numérique de notre industrie notamment à travers le développement d’un écosystème entrepreneurial incitant les jeunes à s’engager dans de nouvelles opportunités. »
Elle a considéré que ce projet contribuera également à une transformation structurelle de l’industrie dans des secteurs ciblés à fort potentiel tels que la mécanique éléctrique, le montage des voitures, le textile, l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire.
S’exprimant au micro de Réalités Online, Rafik Feki, chef du projet a affirmé que l’objectif principal de ce projet consiste à appuyer les structures nationales pour créer un environnement favorable pour l’adoption de l’industrie 4.0. Basé sur l’intelligente artificielle en particulier, l’industrie 4.0 a imposé un changement drastique des processus de production nécessitant ainsi un savoir-faire particulier et une capacité à maîtriser les nouvelles technologies. C’est dans cette optique que s’inscrit l’objectif principal de projet en fournissant l’accompagnement nécessaire aux jeunes attrapeurs et aux entreprises existantes afin de les outiller des compétences nécessaires pour l’adoption de cette technologie dans le futur.
Le responsable de l’ONUDI a considéré que ce type de projets permettrait de limiter le phénomène de la fuite de cerveaux que connaît la Tunisie depuis plusieurs années en instaurant une industrie compétitive à l’échelle internationale. « Quand un jeune entrepreneur qui a la capacité de produire un produit de qualité à un coût raisonnable et qui sera compétitif sur le marché international n’aura aucune raison d’aller s’installer ailleurs. Ce jeune aura ensuite la capacité de pouvoir employer d’autres jeunes ingénieurs, techniciens etc » a-t-il expliqué.
S’agissant de l’éventuelle contribution de ce projet à la réduction des taux de chômage en Tunisie, le responsable a précisé que les 1500 emplois qui seront créés dans le cadre de ce projet seraient des indicateurs de cette intervention pilote. « Nous souhaitons à travers l’adoption de cette approche en Tunisie que le gouvernement puisse créer des centaines de milliers d’emplois dans ce domaine et c’est ce qui est en train de se faire dans les pays développés à travers l’adoption de l’industrie 4.0. Ils sont en train de créer un potentiel de création d’emplois extraordinaire » a-t-il conclu.
Hajer Ben Hassen