Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, deux anciens Premiers ministres d’Abdelaziz Bouteflika, viennent d’être condamnés par la justice à cinq ans de prison ferme dans l’affaire Condor. Une des nombreuses affaires de corruption, emblématiques du fonctionnement du régime déchu.
Il y a encore deux ans, ces deux hommes forts du régime de Bouteflika faisaient la pluie et le beau temps en Algérie. Désormais, ils sont en prison. Ahmed Ouyahia, dernier chef de gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika, et Abdelmalek Sellal, deux fois Premier ministre entre 2012 et 2019, ont écopé lundi 30 novembre de cinq années de prison ferme et de près de 13 000 euros d’amende, relate la presse algérienne.
Ces caciques de l’ancien régime ont été condamnés dans l’affaire du groupe industriel Condor, emblématique du fonctionnement de l’ancien régime. L’entreprise, propriété des frères Benhamadi, comptait depuis des années sur ses solides amitiés au sein de la sphère du pouvoir pour bénéficier de privilèges. Condor avait notamment des avantages fiscaux, mais s’est aussi vu octroyer illégalement une concession foncière à Sidi Abdallah, une ville à l’ouest d’Alger, pour la construction d’une usine de fabrication de médicaments, précise le journal d’État l’Expression.
*Financement de la campagne électorale
Ces largesses ne sont pas allées sans contreparties. En échange, selon la justice algérienne, Condor a financé la campagne présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Celui-là même que les protestataires du Hirak n’ont pas voulu. La mobilisation a mené à la chute de celui qui fut président pendant vingt ans, en avril 2019.
Abdelmalek Sellal, Premier ministre à deux reprises entre 2012 et 2017, a été condamné en tant que directeur de campagne pour le financement occulte de la campagne. Deux comptes bancaires séparés avaient été créés pour l’occasion, le premier alimenté directement par les caisses de l’État, l’autre par de généreux donateurs. À lui seul, le groupe Condor a versé 50 millions de dinars, soit aux alentours de 320 000 euros, révèle le site d’information Liberté Algérie.
Depuis la chute du régime de Bouteflika, en avril 2019, de nombreux hauts responsables de l’ancien régime sont sous le coup de procès et derrière les barreaux. Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal avaient eux-mêmes déjà été condamnés à respectivement douze et quinze ans de prison dans un premier procès, en juin 2020. Les partisans de l’ancien président dénoncent une purge mise en œuvre par les nouvelles autorités. Si son frère et principal conseiller, Saïd, est incarcéré, Abdelaziz Bouteflika, lui, n’est pour l’heure pas inquiété.
(Le Courrier international)