A Oran, quatre gardiens d’une église ont été arrêtés après qu’une statue de la Vierge Marie a été vandalisée. Si les enquêteurs soulignent qu’il s’agit d’un acte isolé, une partie de la communauté chrétienne se dit de plus en plus inquiète.
Elle avait récemment fait l’objet d’une restauration qui a duré trois ans et avait rouvert ses portes en 2018. L’église Notre-Dame de Santa Cruz d’Oran, l’un des principaux symboles de la ville, vient de subir un acte de vandalisme, ressuscitant l’inquiétude de la communauté chrétienne en Algérie.
Dans un communiqué cité par le site électronique DzairDaily, Jean-Paul Vesco, l’évêque du diocèse d’Oran explique que la statue représentant la Vierge Marie “a été l’objet d’un acte de vandalisme dans la nuit du lundi 4 mai”. L’information avait d’abord été rapportée par le journal arabophone El Khabar, qui indique que quatre gardiens du site, fonctionnaires de la mairie d’Oran, ont été interpellés en raison de lourds soupçons qui pèsent sur eux.
Selon les premiers éléments, il s’agirait d’une tentative de vol qui s’est mal passée. El Khabar explique que les délinquants ont tenté de déplacer la statue de la Vierge Marie en vue de l’extraire de l’église et de la vendre sur le marché noir. Mais la statue étant trop lourde pour eux, les pilleurs n’ont finalement réussi qu’à la dégrader.
Climat tendu entre le pouvoir et certains chrétiens
“Contrairement à ce qui a été écrit, la statue n’a pas été décapitée, mais renversée avec son socle de pierre, et ses deux bras ont été endommagés dans la chute”, explique le prêtre catholique dans son communiqué publié sur Facebook. L’enquête a été confiée à l’équipe de recherche et d’investigation de la gendarmerie nationale d’Oran, qui a d’ores et déjà écarté l’hypothèse d’une attaque volontaire contre un lieu de culte chrétien.
Une précision d’importance dans un climat tendu entre une partie de la communauté chrétienne et le pouvoir algérien. Mi-octobre, la fermeture de trois lieux de culte protestants évangéliques avait provoqué des manifestations en Algérie, mais aussi en France, comme le rapportait El Watan. Certains fidèles dénonçaient “une persécution des chrétiens d’Algérie”, alors que la liberté de culte est inscrite dans le droit du pays. Les autorités arguaient quant à elles que ces lieux avaient été transformés illégalement en temples évangéliques.
“Cette soudaine manifestation de christianophobie officielle n’est pas fortuite. Elle survient dans un climat de tension politique qui a banalisé la répression”, analyse La Libre Belgique. Alors que depuis neuf mois le Hirak faisait vaciller le régime, “le pouvoir militaire tente ainsi de diviser les manifestants en jouant sur les thèmes sensibles de l’identité et de la religion”.
(Courrier international)