En passant à Béni khédache

Par Alix Martin

Avez-vous quelques jours de vacances ou même un week-end seulement ? Voulez-vous connaître des paysages nouveaux ou revoir des régions un peu délaissées ? Allez passer un week-end à Béni Khédache.

En passant

Par où pensez-vous passer pour aller à Béni Khédache ? Les moins aventureux iront d’abord jusqu’à Médenine. Vous prendrez bien le temps, à Gabès, d’aller jusqu’au mausolée de Sidi « Boulbaba », ne serait-ce que pour prendre un peu de repos. Et puis, vous êtes-vous déjà arrêtés au musée « militaire » de Mareth ? Il mérite une visite. Les conservateurs sont compétents et charmants.

Ensuite, prenez le temps de flâner, un peu, dans le « vieux » Médenine, dans les vestiges de ce qui était un Ksar de plaine, récent certes, mais important. Les Ghorfa ont été sacrifiées au « modernisme ». Il n’en reste plus que quelques unes. Et encore ! Pourtant, le marché a encore les « parfums d’avant » : l’odeur des dromadaires, des « herbes » et des épices. Les gens ne s’y bousculent pas. Ils marchent lentement, marchandent longuement, savent s’accroupir et même s’asseoir par terre pour bavarder ou jouer avec de petites pierres à un jeu traditionnel. Ils ont gardé les rythmes « d’avant » !

On peut même se loger à Médenine. Il existe de petits hôtels confortables, pas chers, où on mange bien.

Si vous n’êtes pas tentés, vous reprendrez la route vers les crêtes voisines des monts des Ksour. L’histoire vous y accueille. Les Berbères se sont retirés sur les crêtes alors que les conquérants arabes s’installaient dans la plaine de la Jeffara. Puis vous arriverez à Ksar Jedid qui a été aménagé pour accueillir les visiteurs. Ce sera une transition entre la plaine et les monts des Ksour.

 

Par mont et par vaux

On peut aussi décider, à Gabès, d’escalader les monts vers Matmata et les pays des Troglodytes. Etait-ce par obligation de se cacher ou de se loger dans une région où le bois de charpente manque ? C’est certainement, à notre avis, une réponse adéquate au problème de l’habitation plus qu’une nécessité guerrière. L’accueil est agréable à Matmata, les gîtes confortables et un crochet jusqu’à Tamazret s’impose.

Ensuite, évidemment, la promenade à Toujane, dominé par ses deux pitons, anciennement fortifiés, est une classique qui est toujours intéressante. Mais si vous la connaissez, avez-vous essayé de rejoindre Toujane à partir de « Matmata nouvelle », par Béni Zelten et Aïn Tounine. Les zigzags serrés de la route obligent les conducteurs à rouler lentement. Vous pourrez admirer des paysages superbes. Puis, après Toujane, on prend la route de Cheguimi et on se dirige vers Ksar Hallouf. Entre les deux bourgs, vous roulez sur un plateau à plus de 600 mètres d’altitude. Vers l’Ouest, vous avez un moutonnement de crêtes, séparées par des ravins escarpés ! Quels ruissellements ont pu éroder ainsi le massif ? Vers l’est, la mer borde l’horizon et l’on devine Mareth blotti entre ses palmiers.

On arrive à Ksar Hallouf. Les Ghorfa, aux patines blondes, se dressent au bout d’une « grimpette ». On peut aussi aller voir les blockhaus de la ligne Mareth. Les militaires vous y conduiront.

Si le temps est passé trop vite, faites une halte au « gîte » d’Aïn Zemoul. Vous le découvrirez sur une crête dominant le bourg de Béni Khédache. L’accueil, les repas et le panorama méritent un arrêt.

Béni khédache

Béni Khédache a été implanté sur un piton nettement isolé. Le Ksar était fermé par une porte bardée de fer et doté d’une solide tour de guet. Béni Khédache a toujours été un marché important. C’était un centre administratif, devenu, après l’Indépendance, un chef-lieu de délégation. Il a cédé, hélas, au « modernisme » et la plus grande partie de son Ksar a été détruite.

Actuellement, Béni Khédache « bouge » : la commercialisation de ses délicieuses figues sèches se développe. Son « festival » avait pris un « relief » certain. On y avait mis en place un « rallye » qui entraînait les visiteurs dans une douzaine de Ksour des environs. Une randonnée vers de superbes sources voisines avait été organisée.

Les amateurs curieux pourraient prendre contact avec le propriétaire du « relais » à l’entrée du village pour se renseigner, pour découvrir des restaurants accueillants et même pour loger dans un « Ghar » : une habitation troglodytique traditionnelle. Il en existe d’anciennes qui ont été réaménagées pour recevoir des  visiteurs et des «récentes » creusées spécialement à cet usage.

Les curieux se rendront certainement au « Parc des Dinosaures » dont le sol est tapissé de fossiles de troncs d’arbres et d’ossements qui sont reconnaissables à leur couleur grise, différente de celle des terres ocre.

La fantaisie et le temps disponible guideront les choix des visiteurs. Rien qu’en se limitant aux environs de Béni Khédache, à partir de Ksar Jedid, toutes les escapades sont offertes, jusqu’à Ksar Haddada qui a été aménagé en hôtel et qui paraît-il, marque la « frontière » entre le « pays » de Béni Khédache et celui de Ghomrassen.

Nous n’indiquerons que les ksour qui avaient été choisis pour baliser le « Rallye des Ksour ». Vers le nord puis l’ouest, d’abord Ksar El Jouamaâ, bâti presque à l’aplomb de la plaine de la Jeffara. C’est un Ksar de montagne typique construit sur un piton auquel on accède seulement par un isthme rocheux. Une rue bordée de boutiques récentes mène à l’entrée principale de l’ancien ksar.

Ensuite, on va grimper à Ksar Zemmour et Ksar Ezzit. De là, une longue promenade, vers le couchant, peut mener à Ksar Tarcine où se dressent encore les vestiges d’un fortin romain. Mais, avant d’aller si loin, on peut bifurquer vers le Sud, à partir d’un vieux ksar dont le nom est incertain : Ksar Ben Laswar, peut-être, et plus sûrement vers Ksar El Khir, Ksar El Fjij, Ksar M’hadha et Ksar Djaraa.

La limite sud du circuit est balisée par les Ksour Ouled El Khil et Ourijijen.

Mais, il y en a d’autres qui sont tout aussi intéressants, par exemple, Ksar El Ababsa, situé à 7 ≈ 8 kilomètres, de bonne piste, à l’Est de Ksar Hadada. Il se dresse sur un piton : Kef Kredellej.

Le Ksar Khrechfa mériterait une visite. Il aurait été fondé par un compagnon : Ali El Kharchoufi, de l’ancêtre fondateur de Jouamaâ. Il n’était pas conçu pour qu’on puisse y loger. Il est constitué uniquement d’alvéoles d’engrangement. On nous a raconté que la plupart de ces ksour appartenaient à la fraction des Haouaïa qui est un clan des Ouerghamma. Leur nom, paraît-il, proviendrait d’un bât de chameau : « h’aouiya ». Si certains ksour sont abandonnés, d’autres sont encore partiellement occupés.

Pratiquement, tous ceux que nous avons cités, peuvent être atteints soit par une route goudronnée soit par une bonne piste.

Chemin faisant, arrêtez-vous quelquefois pour vous pencher sur certains ravins profonds, aux parois presque verticales. Restez immobiles et silencieux quelques minutes et la « vie » apparaîtra : de petits « goundi » sortiront des anfractuosités, une gerboise sautillera entre les pierres, un passereau voltigera autour de vous. Parfois dans le ciel, une buse, dite « féroce » planera en « miaulant ». Un petit pâtre surgira comme par enchantement !

Pour finir, Monsieur Brahim Jebaï dont le bureau est (était) situé en face du « relais» construit, à l’entrée de la ville, sur le Jebel Aïn El Imba, qui est un excellent observatoire, fournira, aux visiteurs, tous les renseignements utiles.

A.M

Related posts

Concerts Strauss et Mozart en Tunisie : Valses, Polkas & Symphonie

Rencontre avec le metteur en scène Moez Gdiri :  « L’adaptation du théâtre européen nous a éloignés de notre réalité tunisienne »

CONECT : Dissolution du Groupement professionnel d’industrie cinématographique