La hausse du taux directeur a été au centre de l’intervention de l’économiste Radhi Meddeb dans La Matinale de Shems FM ce lundi 25 février 2019. Il considère que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) n’a fait qu’incarner son rôle dans le cadre de la lutte contre l’inflation. Or, il a souligné que la hausse du taux directeur n’empêchera pas les ménages de s’endetter. « Les tunisiens empruntent auprès des banques et ailleurs : auprès de leur épiciers, pharmaciens, lieu de travail ou autres. Il existe également des crédits parallèles avec des taux d’intérêt très élevés », a-t-il expliqué au micro de Hamza Balloumi.
Le message de la BCT est clair selon l’économiste : nous consommons trop sans produire suffisamment. Il estime que la consommation se traduit par le recours aux crédits bancaires dans l’objectif de compenser la baisse du pouvoir d’achat. L’investissement et la croissance seront aussi impactés selon l’économiste, qui considère que la hausse du taux directeur a été exceptionnelle cette fois-ci par rapport à ce qui a été observé avant : 100 points 25/50 points.
Soutenir la production
Par ailleurs, Ridha Meddeb a souligné que la BCT ne peut agir que sur le cours du dinars, la liquidité accordée aux banques et le taux directeur afin de lutter contre la hausse des prix et contre l’inflation. Cette dernière est un « cancer » qui dévore l’économie nationale, le pouvoir d’achat et la compétitivité des entreprises.
La Banque n’y arrivera pas seule. Des politiques publiques sont requises dans ce contexte. Pour l’économiste, lutter contre l’inflation consiste aussi à soutenir la production et, de ce fait, l’exportation. Or, c’est où le bât blesse d’après Radhi Meddeb : « qu’allons-nous exporter ? La production des phosphates, à titre d’exemple, a chuté à cause des blocages. Idem pour le pétrole : nous sommes passés de 100 000 barils à 35 000 barils par jour. Le textile, pour sa part, jouit d’un regain d’intérêt mondial mais la production demeure insuffisante. Pas seulement : des entreprises, jadis installées en Tunisie, ont décidé de s’installer ailleurs pour profiter d’un meilleur climat d’affaires. Nous n’aidons pas assez les entrepreneurs. Or, les entreprises économiques détiennent une place importante dans ce contexte », a encore expliqué l’économiste.