L’endettement des ménages tunisiens s’envole, atteignant des niveaux alarmants. En l’espace de sept ans, l’encours des crédits a plus que doublé, passant de 26,29 milliards de dinars en 2015 à 55,3 milliards de dinars en 2022, selon un rapport accablant de l’Institut National de la Statistique (INS).
Comprendre l’ascension fulgurante de la dette
Cette spirale infernale est alimentée par plusieurs facteurs. D’une part, les crédits à la consommation, notamment ceux destinés à la rénovation ou l’aménagement des logements et aux dépenses courantes, explosent. D’autre part, les prêts immobiliers à long terme, pour l’acquisition d’un logement, contribuent également à cette tendance. Le flux net des prêts, indicateur de l’appétit d’emprunt des ménages, a suivi la même trajectoire ascendante, passant de 1,75 milliard de dinars en 2015 à 4,06 milliards de dinars en 2022. Une seule année a connu une légère baisse, 2019, due à une augmentation des taux d’intérêt par la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
La situation est aggravée par la dégradation du pouvoir d’achat des ménages, qui les rend plus vulnérables à l’endettement. De plus, le resserrement des conditions monétaires par la BCT, visant à lutter contre l’inflation, rend l’accès au crédit plus difficile et fragilise davantage les familles endettées.
Un secteur des ménages institutionnels en difficulté
Le secteur institutionnels ou agent économique représenté par les ménages est particulièrement touché étant donné qu’il regroupe les ménages purs, les entrepreneurs individuels et les institutions sans but lucratif au service des ménages. Son taux d’endettement a connu une courbe chaotique, passant de 41,6% du Revenu National Brut Disponible (RNDB) en moyenne entre 2015 et 2019, à 52,4% en 2020, avant de redescendre à 49,5% en 2022.
Ce profil erratique reflète l’instabilité de la situation et l’urgence de trouver des solutions durables. L’endettement croissant des ménages représente une menace pour la stabilité économique et sociale du pays. Il sied au demeurant de mettre en place des mesures pour endiguer cette spirale et protéger les familles les plus vulnérables.