Ennahdha change de Secrétaire général, Ali Laârayedh de nouveau sous les feux de la rampe

Depuis le 13 juillet 2014, Ali Laârayedh est Secrétaire général du Mouvement Ennahdha.  Il succède ainsi à Hamadi Jebali qui avait présenté, fin mars dernier, sa démission du secrétariat général du parti. Cette nomination vient à l’issue de la réunion tenue les 12 et 13 juillet, à Hammamet, du Conseil de la Choura (conseil consultatif). Ce conseil répond positivement à la proposition du président du mouvement, Rached Ghannouchi, qui avait prévu de remplacer Hamadi Jebali par Ali Laârayedh à la tête du secrétariat général. La nomination de ce dernier amène donc dans son sillage un remaniement du Bureau exécutif du parti.

Deux jours après, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 15 juillet 2014, au siège du parti à Montplaisir, Ghannouchi a présenté la nouvelle composition du Bureau exécutif

La nomination d’Ali Laârayedh en tant que Secrétaire général était en effet attendue par les militants, et ce malgré un bilan sécuritaire et économique très contesté comme Premier ministre et comme ministre de l’Intérieur. Son mandat a été jalonné en effet par la profusion des terroristes et l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis. Au sein de son parti, il fait peu ou prou l’unanimité auprès de l’aile conservatrice incarnée par Sadok Chourou et celle plus modérée incarnée par Samir Dilou.

Objectif : législatives

Force est de constater, dans ce contexte préélectoral, que tous les partis s’apprêtent à partir à la conquête du palais de Carthage sauf, apparemment,  Ennahdha. Fraîchement nommé au poste, Ali Laârayedh a fait savoir que sa famille politique a contacté 27 partis, plusieurs organisations, dont l’UTICA, l’UGTT, la CONNECT et l’Ordre des avocats, ainsi qu’un certain nombre de personnalités nationales. «Kaïs Saïd, Mustapha Filali, Iyadh Ben Achour et d’autres font partie des personnalités contactées», a déclaré Ali Laârayedh.

Rached Ghannouchi, leader du parti, ne cesse de répéter qu’il se ralliera à un candidat consensuel. Ayant passé près de 20 ans en exil, Ghannouchi a vécu sous un régime parlementaire où (la royauté), la présidence de la République (en ce qui concerne la Tunisie) a un rôle honorifique et ne disposant que très peu de prérogatives constitutionnelles. Il a tout mis en œuvre depuis son retour en Tunisie, le 30 janvier  2011, pour que ce modèle, auquel se rallient idéologiquement les Frères musulmans,  soit appliqué pour l’arène politique nationale.

Dans cette perspective, le trésor convoité par Ennahdha est la majorité ainsi que la présidence du futur Parlement tunisien pour cinq années. Pour sa conquête, Abdelkarim Harouni, ancien ministre des Transports,  martèle avec hargne que : «celui qui veut battre Ennahdha, qu’il se prépare pour les élections. Nous les avons battus durant la Révolution et nous les avons battus durant les élections de 2011», sans préciser quelle famille politique il vise.

Ennahdha s’emploie donc sur le terrain afin de s’assurer une majorité absolue à l’Assemblée et de peser de tout son poids sur les grandes orientations culturelles, politiques et économiques du pays.  À cet effet, le Conseil de la Choura a également fixé les critères d’adhésion aux listes pour les législatives. Selon Abdelhamid Jellassi, en charge des élections internes, le critère le plus en vue sera la compétence. «Nous veillerons, dit-il, dans nos listes, à ce que les femmes soient bien représentées, nos listes seront également ouvertes à tous, notamment aux personnalités indépendantes ayant un projet proche du nôtre.»

Jebali, une carrière en solo ?

Quant au prédécesseur d’Ali Laârayeth, Hamadi Jebali, jugé trop proche de l’opposition, il avait fini par perdre le soutien d’une partie des militants. Ancien Premier ministre, il avait dû démissionner après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, en février 2013 et avait ensuite quitté le Secrétariat général d’Ennahda sur fond de désaccord avec son parti. Hamadi Jebali envisagerait en effet de se présenter à la présidence de la République alors qu’Ennahdha, en accord avec l’opposition, ne devrait pas présenter de candidat.

Récemment, Hamadi Jebali a publié des entretiens dans le journal saoudien publié à Londres, Asharq al-awsat, dans lesquels il revient sur ses débuts dans l’opposition, sa déception du nationalisme de Jamel Abdelnacer après la défaite de 1967 et sa recherche d’alternative dans l’islamisme. Jebali se dit né pour être révolutionnaire et retrace son parcours en ces termes. «J’étais convaincu que je ne pouvais être qu’opposant […] mon père était opposant à Bourguiba, en tant que militant du mouvement yousséfiste […] Bourguiba ne tolérait pas l’opinion contraire, incarnée à l’époque par le courant yousséfiste. Je percevais dans le yousséfisme un courant arabe, islamique, proche de l’identité tunisienne ». Jebali évoque également ses activités en France, ses débuts au sein de Jamaât Tabligh (association pour la prédication), son départ de Tunisie par voie maritime et son asile en Espagne après sa condamnation à mort sous Bourguiba. Ensuite, il rappelle ses négociations avec Ben Ali et son retour en Tunisie où il sera incarcéré 16 ans durant à cause de l’affaire de Baraket Essahel.

Mohamed Ali Elhaou

 

Nouvelle composition du B.E

– Rached Ghannouchi : président du parti ;

– Ali Laârayedh : Secrétaire général ;

– Noureddine Bhiri : Secrétaire général adjoint ;

– Abdelhamid Jelassi : Vice-président chargé du dossier de l’ISIE ;

– Abdelfattah Mourou : Vice-président et représentant officiel du parti ;

– Sahbi Atig : Président du bloc parlementaire du parti au sein de l’ANC ;

– Ameur Laârayedh : chargé du dialogue national au sein de l’ANC ;

– RafikAbdessalem : chargé des relations extérieures ;

– Mohamed Ben Salem : secrétaire adjoint chargé du dossier de l’ISIE ;

– Abdellatif Mekki : secrétaire adjoint chargé du dossier de l’ISIE ;

– Abdelkarim Harouni : chargé de la mobilisation et de la communication ;

– Mohamed Mahjoub : chargé des cadres et des relations avec les organisations professionnelles ;

– Mohamed Akrout : chargé du complexe populaire ;

– Abderraouf Bedoui au poste de chargé de l’organisation ;

– Wassila Zoghlami : chargée des affaires de la femme et de la famille ;

– Farida Abidi : chargée des affaires juridiques ;

– Samir Dilou : chargé des relations avec la société civile ;

– Ajmi Lourimi au poste de chargé des affaires culturelles ;

– Zied Laâdhari : porte-parole officiel du parti ;

– Nourredine Arbaoui : chargé des relations avec les partis ;

– Mohsen Nouichi : directeur exécutif chargé des affaires concernant l’ISIE ;

– Zied Boumakhla : chargé des affaires estudiantines ;

– Moussa Ben Ahmed : responsable de l’immigration ;

– Ridha Barouni : chargé de l’administration et des finances ;

– Ridha Saïdi : chargé du bureau d’études ;

– Ridha Bettaïeb : chargé du développement régional.

 

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