Ennahdha en veut encore à Abir Moussi et il le fait savoir

Le Conseil de la Choura d’Ennahdha a publié, ce lundi 4 mai 2020, un communiqué pour résumer sa dernière réunion. C’est sans surprise que l’on y retrouve la même langue de bois que avec laquelle le parti nous a toujours bercés. Après avoir souhaité un heureux Ramadan aux citoyens, être revenu sur la crise sanitaire et accorder une petite attention aux journalistes à l’occasion de la Journée de la Liberté de la Presse, le parti a évoqué ce qu’il voulait évoquer dès le départ : dénoncer la campagne de dénigrement qui vise la présidence de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple), à savoir Rached Ghannouchi.
« Nous dénonçons le retour de ces campagnes qui visent l’expérience démocratique de notre pays et qui portent atteinte aux institutions de l’État […]. Nous dénonçons fermement les campagnes visant le président de l’ARP qui représente la volonté populaire et nous », lit-on dans le communiqué.
Le parti semble oublier que le président d’ARP n’est, en réalité, que l’expression de la volonté des députés qui l’ont élu et non celle du peuple. En parlant des « campagnes », Ennahdha s’attaque, une fois encore, au Parti Destourien Libre (PDL) d’Abir Moussi. C’est ce même parti qui, rappelons-le, a œuvré pour empêcher Ennahdha de faire passer un projet de loi sur deux accords pour le moins douteux avec la Turquie et le Qatar. Deux accords, qui, selon plusieurs observateurs, auraient pu nuire à la souveraineté nationale s’ils avaient été adoptés. Pis encore : Ennahdha, pour le faire passer, avait appelé à une séance plénière sans respecter plusieurs dispositions du règlement intérieur de l’ARP. Malgré tout cela, le parti vient dénoncer, dans le communiqué du Conseil de la Choura, les campagnes qui veulent déstabiliser les institutions de l’État, sachant que le parti, lui-même, ne témoigne aucun respect pour ces institutions.
Pour l’heure, Ennahdha n’a d’yeux que pour la crise sanitaire et pour l’unité nationale. Deux excuses trouvées par le parti dans l’espoir d’oublier la cuisante claque qu’il avait reçue lorsque la plénière qui devait être consacrée aux accords avec la Turquie et le Qatar a été reportée suite à la pression de plusieurs députés (Abir Moussi, Mabrouk Korchid).