Ayant remporté les législatives avec une petite longueur d’avance sur son poursuivant direct et qui ne peut en aucune manière être un allié – le parti islamiste rejetant une telle option -, Ennahdha se trouve coincé étant amené à trouver des alliés pas trop gourmands pour former son gouvernement.
Le parti de Rached Ghannouchi tient, depuis plus d’une semaine des réunions marathoniennes pour décider du futur chef du gouvernement et ce n’est pas, semble-t-il une tâche aisée pour le parti qui se veut structuré et basé sur une discipline de parti infaillible. L’odeur de divergences voire de différends, il faut dire que cela date depuis un certain temps, se fait de plus en plus sentir, surtout que leur chef ne sait plus sur quel pied danser et ne s’est pas encore décidé sur la fonction qui sied à sa personne.
Entre la présidence de l’assemblée et celle du gouvernement son cœur balance et les craintes d’un échec par ci ou par là pèse lourdement sur sa décision.
Parallèlement, le bureau politique ni celui exécutif réunis la semaine dernière, et encore moins le conseil de la choura n’ont livré une quelconque information sur le profil ou la personne choisie pour former le nouveau gouvernement.
On préfère laisser planer le doute et libre cours à toutes les supputations. Et le moins qu’on puisse dire de cette attitude d’un parti victorieux des élections c’est qu’elle est intrigante et fait penser à un échec annoncé des futurs consultations, surtout que, à part Al Karama, allié naturel du parti islamiste, tous les partis susceptibles de faire partie de ce gouvernement ou posent des conditions difficiles à exaucer ou refusent toute compromission avec Ennahdha et préfèrent le rôle d’opposition.
Et ce ne sont pas les tensions internes au sein du parti islamiste qui vont faciliter les choses. Car certains clivages n’ont toujours pas été réglés et le différend qui avait éclaté lors de l’établissement de la liste de la circonscription de Tunis 1 n’est pas tout à fait aplani, il a même pris une autre dimension dans la mesure où l’un des deux acteurs s’est retrouvé hors circuit n’obtenant pas de siège à l’ARP.
En effet le conflit Ghannouchi-Mekki a refait surface ces jours-ci, les deux hommes convoitant le poste tant désiré de chef du gouvernement.
Sauf que le président du parti ne lâche pas du lest et a, parait-il, déclaré au conseil de la choura qu’il envisage d’être lui-même le nouveau chef du gouvernement.
Et c’est ce qui fait dire au président du conseil de la choura, Abdelkerim Harouni, sans grande conviction et dans des déclarations frisant la langue de bois, que l’intention au sein du conseil se dirige vers la proposition du président du parti, Rached Ghannouchi pour la présidence du gouvernement et qu’il appartenait à ce dernier d’accepter ou de se désister et dans ce dernier cas ce sera à lui de proposer un autre nom que le conseil devra accepter.
Pour l’heure Ennahdha continue à faire croire que toutes les options sont ouvertes en attendant que les intentions se concrétisent.
B.B.F