Depuis le démarrage des travaux du Conseil de la Choura, tout le monde était averti des résultats de ces assises, les nahdhaouis ne s’empêchant pas d’exploiter à fond les médias pour se mettre en valeur ou annoncer une position quelconque. Il ne fallait même pas attendre le communiqué final de cette instance dirigeante du parti islamiste pour tirer les conclusions de l’évolution des positions de ce parti sur certaine questions d’importance.
Une certaine déclaration de Rached Ghannouchi, laissait entrevoir la nouvelle orientation d’Ennahdha.
Les dernières assises du conseil de la choura sont venues, justement, confirmer cette déclaration annonciatrice de la fin probable d’un consensus dont les résultats sont en tous points de vues catastrophiques aux plans économique, social et politique.
Il faut souligner que cela a été perceptible depuis l’échec du pacte de Carthage 2 gelé pour absence de consensus à propos du point 64.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus du soutien du parti à la « stabilité gouvernementale« , c’est à dire à Chahed, mais d’une rupture annoncée entre les lignes du communiqué entre Ghannouchi et Beji Caid Essebsi. Le rejet de la proposition de l’égalité successorale en porte l’odeur.
Autre rupture annoncée, celle avec Youssef Chahed sommé de choisir entre continuer à gouverner ou démissionner pour aller se consacrer à ses ambitions politiques : les présidentielles de 2019.
Une première conclusion peut être tirée de cette lecture c’est qu’Ennahdha veut renforcer sa main mise sur les tenants et les aboutissants de la crise politique qui sévit dans le pays.
En se démarquant des deux têtes de l’exécutif, le parti de Ghannouchi veut montrer, à sa base principalement, mais aussi à toutes les composantes politiques, syndicales et autres, qu’elle reste une force politique incontournable et qui pèse lourdement sur les décisions nationales.
On s’était posé la question dans un article précédent, si Ennahdha lâchait Youssef Chahed suite à la publication du communiqué du conseil de la Choura. Peut être bien selon les dires de certains. Sauf que, à première vue, c’est Chahed qui en tire profit puisqu’il cherchait à se défaire de l’image d’être soumis, pour ne pas dire l’otage, d’Ennahdha. Donc au cas où cela se confirme, c’est le chef du gouvernement qui en sort vainqueur même si les défis qu’il lui reste à relever ne sont pas de tout repos. Là il est seul, face à son destin.
Il est clair que le parti islamiste, au vu de tout ce qui a été dévoilé à la fin de ses assises, n’a pris en considération que la préservation de sa base chancelante et éviter son effritement.
Un retour à son idéologie originelle est perceptible. Loin sont les promesses de leur dixième congrès.
En définitive, le Conseil de la Choura vient de composer une valse à trois temps. Jouer et se jouer de tous, rompre avec l’origine de l’échec : le consensus et, enfin calmer les esprits en son sein.
Imed Khemiri, porte parole du mouvement en a donné, ce matin le ton et la mesure.
F.B