Enseignant décapité à Conflans : le collège avait reçu « de nombreux appels menaçants »

Ce 17 octobre, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, à Conflans-Sainte-Honorine, le procureur national français antiterroriste, Jean-François Ricard, a dévoilé les premiers éléments de l’enquête.
Un nouvel attentat « d’une extrême gravité » et qui confirme « le très haut niveau de la menace terroriste islamiste ». Jean-François Ricard, procureur national antiterroriste, a dévoilé lors d’une conférence de presse au Tribunal de Paris, ce 17 octobre, les premiers éléments de l’enquête ciblant l’attentat macabre qui s’est déroulé la veille, dans une ville tranquille des Yvelines.
C’est à 17 h 11 ce vendredi-là que la police municipale d’Eragny-sur-Oise découvre un corps décapité sur la voie publique. Un homme doté d’une arme à feu était aperçu quelques centaines de mètres plus loin. Des policiers nationaux l’identifient peu après, rue Roger Salengro. « Il courrait en leur direction en tirant à 5 reprises avec son arme de poing. Les trois policiers ripostent, provoquant la chute de l’assaillant. Quand il tente de se relever et de donner des coups de couteaux, il était neutralisé par les forces de l’ordre », poursuit le magistrat.
Son corps comporte 9 impacts de balles. Sur son cadavre sont découverts un poignard ainsi qu’une arme utilisée en Airsoft, et 5 cartouches de gaz.
Nom du terroriste : Abdoulakh Anzorov. Né le 12 mars 2002 à Moscou. D’origine tchétchène. Détenteur d’un titre de séjour délivré le 4 mars 2020 et valable dix ans, il demeurait à Evreux (Eure). Inconnu des services de renseignement, il était néanmoins connu pour des affaires de dégradation et de violence en réunion alors qu’il était mineur.
Selon les premiers témoignages, le meurtrier qui employait en ligne le pseudonyme Tchetchene_270 guettait sa victime devant le collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Saint-Honorine depuis l’après-midi. « Il avait demandé aux élèves de leur désigner la future victime », affirme le magistrat.
Sa cible, Samuel Paty, 47 ans, enseignant en histoire-géographie dans cet établissement, « se trouvait sur le chemin le menant de son lieu de travail vers son domicile, situé à proximité, lorsqu’il a été attaqué avec une arme blanche. Il présente de multiples plaies à la tête, aux membres supérieurs et à l’abdomen. Il avait été décapité. » Un second couteau de 35 cm, ensanglanté, a été découvert à une trentaine de mètres des lieux du crime.
Le téléphone de l’assassin comportait un texte de revendication, pré-enregistré sur un bloc-notes dès 12 h 17 et une photo du cadavre horodatée à 16 h 57.
La tragédie s’est enclenchée le 7 octobre. Ce jour-là, sur une vidéo massivement relayée en ligne depuis, un parent d’élève exhorte à se mobiliser contre cet enseignant qui avait montré en classe de 4e des caricatures du prophète Mohamed. Le 8 octobre au matin, ce même homme se présentait devant ce collège francilien, en compagnie d’une tierce personne. « Ils exigeaient avec virulence le renvoi du professeur sous peine de mobilisation », souligne Jean-François Ricard. Le soir même, n’ayant pas eu gain de cause, le parent d’élève rediffuse un message haineux sur Facebook, en désignant cette fois nommément le professeur et en précisant l’adresse du collège. Il se dirigeait ensuite au commissariat local, avec sa fille, pour déposer plainte pour « diffusion d’images pornographiques ».
Auditionné par les policiers, Samuel Paty « contestait énergiquement avoir demandé aux élèves musulmans de s’identifier et de sortir de classe », souligne M. Ricard, contrairement à ce qui avait été rapporté dans un premier temps par une élève. Il aurait toutefois suggéré, à l’égard de ceux qui pourraient se sentir heurtés, de ne pas regarder. Deux photos sont diffusées : la célèbre Une de Charlie Hebdo où Mahomet déploie une pancarte floquée de ces mots : « Tout est pardonné » et un dessin le montrant nu et dans une pose humoristique et suggestive.
Après quoi, une autre vidéo est tournée par cette même « tierce personne », en l’occurrence le prédicateur Adbelhakim Sefrioui, membre du conseil d’administration du Conseil des Imams de France, un groupuscule islamique, connu des services de renseignement. Il demandait également son exclusion. « La principale fait état de nombreux appels menaçants après cette publication », révèle Jean-François Ricard.
Ce militant islamiste a été placé en garde à vue samedi au matin. Neuf personnes en tout sont en garde à vue
(Marianne)

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