Il est difficile de «noter» le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Chiheb Bouden, en fonction des priorités de son département pour ses 100 premiers jours et pour cause. Ces priorités ne sont pas concrétisées et demandent du temps pour être réalisées.
En effet, la mise en œuvre des cinq priorités présentées, notamment le lancement d’un dialogue social sur la réforme de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, le renforcement de l’indépendance des universités, l’employabilité des diplômés du supérieur, l’amélioration de la formation au sein des établissements de l’enseignement privé et la bonne utilisation et la maintenance des équipements lourds destinés à la recherche scientifique, est loin d’être une sinécure.
Concernant le lancement d’un dialogue social sur la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le ministre avait affirmé qu’il sera lancé avant la fin du mois d’avril. La date est dépassée et rien n’a été fait pour que ce dialogue soit engagé. Le ministère refuse de communiquer les raisons de ce retard et la date de son lancement!
Une équipe a été formée au sein du ministère afin d’instaurer un dialogue communautaire sur la réforme du système de l’enseignement supérieur. Mandatée de visiter tous les gouvernorats afin d’instaurer un dialogue avec les composantes de la société civile, cette équipe n’a jusqu’ici effectué aucun déplacement!
Pour ce qui est du renforcement de l’indépendance des universités et la consolidation de leurs pouvoirs, un workshop a été organisé, les 13 et 14 mars dernier, s’inscrivant dans le cadre de l’indépendance économique et sociale des universités. Le ministère a également affecté un certain nombre de prérogatives qui relevaient de ses compétences, aux universités et institutions académiques.
La réussite d’une telle démarche ne peut, en aucun cas, être concrétisée durant la même année universitaire. Il faut attendre au moins la fin de l’année en cours et les rapports des directeurs des universités pour en savoir davantage.
Quant au renforcement de l’employabilité des diplômés universitaires, cinq centres de profession et de certification des compétences ont été installés dans cinq universités directement impliquées dans la formation des étudiants dans les compétences horizontales et la certification.
Une attention a été accordée à la question de l’adéquation entre les offres de formation et les offres de travail d’une part, et les compétences de chaque étudiant, d’autre part; l’objectif étant de fournir à chaque étudiant les offres qui correspondent à ses qualifications et aux connaissances acquises durant sa formation.
Le problème du chômage des diplômés du supérieur ne peut certes pas être résolu en 100 jours, les chiffres officiels indiquent que le nombre de diplômés chômeurs a augmenté de 31,4% par rapport à 2011. Zied Laâdhari, ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle a même affirmé que ce chômage ira crescendo jusqu’à 2017.
Concernant l’amélioration du niveau de la formation et de la qualité de l’enseignement dans les établissements de l’enseignement supérieur privé, le ministère a entamé la révision du cahier des charges relatif à l’organisation des établissements de l’enseignement supérieur privé et des conditions de travail au sein desdits établissements. A cet effet, un comité chargé de réviser le cahier des charges composé de tous les intervenants a été créé.
Par ailleurs, une inspection approfondie de cinq établissements d’enseignement supérieur privé a été menée. Le ministère a appelé l’ensemble des établissements privés à réaliser une auto-évaluation, en se basant sur un modèle unique.
En ce qui concerne la 5e priorité, relative à l’utilisation des équipements lourds destinés à la recherche scientifique, le ministère a mis en place une base de données contenant ces équipements pour la mettre à la disposition des chercheurs et des entreprises économiques et sociales à l’effet d’assurer leur meilleure exploitation.
L’Agence nationale de promotion de la recherche scientifique (ANPR) affirme que la Tunisie dispose d’équipements lourds et onéreux que l’absence de communication entre les différentes parties ne permet pas d’optimiser leur utilisation.
Un projet baptisé PASRI (projet d’appui au système de recherche et innovation), nécessitant un financement de 12 millions d’euros (financé par l’Union européenne) a été mis en place.
M.K