D’un côté on affirme que le président de la république n’a pas été consulté ou même informé du remaniement ministériel et de l’autre on « dément » en se référant à la dernière rencontre entre les deux présidents.
Rien ne va vraiment plus aujourd’hui entre Carthage et la Kasbah, du fait même de cet enchaînement de déclarations contradictoires de proches et de conseillers des deux parties, en conflit à propos d’une action qui, constitutionnellement, ne relève que des prérogatives du chef du gouvernement.
Alors que les proches du cercle du président de la République,notamment les députés nidaïstes, considèrent qu’il y a eu infractions légales dans le remaniement ministériel effectué par Youssef Chahed et que le président de la république aurait informé l’Assemblée des représentants du peuple de ces infractions qui portent notamment sur la liste annoncée qui serait différente de celle adressée à la présidence. Autre infraction mentionnée par les adversaires de Chahed c’est le fait de ne pas avoir consulté le chef de l’Etat et de ne pas avoir tenu un conseil des ministres à ce propos, notamment en ce qui concerne la création d’un nouveau ministère.
Du côté de la Kasbah on affirme le contraire. La présidence de la République était au courant de ce remaniement et a été consultée. Le porte parole du gouvernement précise d’ailleurs que «
la présidence a été consultée à travers une liste préliminaire qui lui a été adressée et qui comportait les noms des ministres qui sont concernés par le remaniement ».
Toujours est-il que selon lui, le chef du gouvernement n’a fait qu’exercer pleinement ses prérogatives constitutionnelles et aucune institution n’a le droit d’intervenir dans cette affaire ».
Il faut avouer que les relations entre le président de la République et le chef du gouvernement ont reçu un mauvais coup du fait que Carthage considère avoir été mis devant le fait accompli.
Mais il est vrai aussi que cela fait un bout de temps que ces relations sont altérées en raison du conflit qui oppose Chahed à Essebsi fils et que le paternel a privilégié la famille et pris parti pour Hafedh.
Au-delà de la correspondance secrète de BCE au président de l’ARP, pour tenter, semble-t-il, d’arrêter la procédure de fixation de la date du vote de confiance des nouveaux membres du gouvernement, par ailleurs démentie par la présidence de la république, le chef de l’Etat met sa notoriété dans la balance au risque de subir un revers, le bureau de l’Assemblée ne comptant pas que des alliés.
Plus encore, le chef de l’Etat dévoile son jeu en se déclarant contre le remaniement ou du moins rejette la démarche suivie par le chef du gouvernement, selon les propos de ses conseillers ce qui veut, en quelque sorte, dire que l’on ne peut plus parler de différend mais d’une totale rupture et il s’agit, bel et bien, d’une volonté ferme de faire tomber le gouvernement, quel qu’en soit le prix, même s’il faut plonger encore plus le pays dans la crise qui le secoue.
Dans quelques instants, le président de la république va tenir une conférence de presse au palais de Carthage. Que va-t-il dire de plus que ses proches collaborateurs ont affirmé ? Va-t-il annoncer l’activation du fameux article 99 de la constitution ? En homme averti, il ne se hasardera pas sur ce chemin vu les forces actuellement en présence sous la coupole de l’assemblée.
Quel que soit le contenu de cette rencontre avec certains médias étant donné que tout le monde n’est pas convié, cela ne fera que confirmer la profondeur de la crise entre Carthage et la Kasbah.
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