Entre la Tunisie et l’investissement, il y a la stabilité

La dernière édition «Tunisia Investment Forum 2012»  a été organisée sur fond de couvre-feu décrété suite à des violences déclenchées à Tunis, l’Ariana, la Manouba, Ben Arous, Sousse et  Médenine. Cette année,  l’édition 2013 a été organisée sur fond de terrorisme. La situation ne s’améliore pas. Focus

 

Qu’est-ce qui a changé pour que des investisseurs et des opérateurs économiques aient confiance en la Tunisie ? Qu’est-ce qui a changé cette année pour que les investisseurs qui n’ont pas investi en Tunisie en 2012 investissent cette année ? Stabilité, sécurité, transition politique, Constitution et élections, rien n’est définitif. La situation demeure floue et la Tunisie reste toujours pénalisée par les mêmes obstacles que l’année dernière. La Révolution n’est pas encore achevée et les investisseurs continuent à faire preuve d’attentisme. Les 700 participants étrangers à la précédente session ont signalé que notre pays doit prouver sa capacité à réussir son processus de transition afin de convaincre et prouver aux investisseurs que la Tunisie postrévolutionnaire est meilleure que celle d’avant. Qu’en est-il un an après ? 

 

De TIF 2012 au TIF 2013, rien à signaler  

M. Gyorgy Szondi, expert économique hongrois, était présent l’année dernière et nous a confié que «des élections seront organisées l’année prochaine (2013) qui, elles, pourront changer des choses. Donc, je dirais que dans deux ans, nous aurons plus de visibilité quant aux conditions d’investissement en Tunisie». Mais, bien qu’Ali Laarayedh affirme lors de cette session que «La haute instance indépendante chargée d’organiser les élections, libres et transparentes, pour fin 2013 devrait être présentée à l’Assemblée constituante incessamment», les indices montrent qu’il sera difficile d’organiser les élections cette année. Mais l’intention d’investir existe. Le président de l’Association pour le développement des entreprises italiennes en Afrique, méditerranée et Moyen-Orient, qui était accompagné en 2012 d’une délégation d’opérateurs économiques, a remarqué que «l’intention d’investissement ne se traduira en actions que s’il y a stabilité politique. Une stabilité politique que nous verrons probablement en 2013» Nous sommes à mi-2013 et la stabilité politique n’est pas au rendez-vous. Robert D. Hormats, le sous-secrétaire d’État des États-Unis chargé du développement économique, de l’énergie et de l’environnement, était en Tunisie, accompagné d’une délégation de chefs d’entreprises et hommes d’affaires américains. Il a signalé que «les décisions politiques seront décisives pour le futur politique et économique du pays». Cette année, c’est Mme Wendy R. Sherman, sous-secrétaire américaine accompagnée de M. Bowman Cutter, le président du Conseil d’administration du fonds d’entreprise américano-tunisien récemment créé, qui étaient présents au Tunisia Investment Forum 2013.  Les noms changent, mais les intentions restent les mêmes. Nos amis américains ont  réitéré leur confiance dans le  futur de la Tunisie sans pour autant nous donner des informations sur les investissements américains à venir en Tunisie. Une présence de haut niveau à l’instar des Français et Italiens. On a aussi enregistré de fortes délégations d’Irak, de  Jordanie et d’Arabie saoudite. Une présence accrue d’institutions internationales en l’occurrence la Multilateral investment guarantee agency (MIGA), la Banque interaméricaine de développement (BID), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). À travers le TIF 2013, Deauville s’associe pour la première fois à une initiative dans un pays du Printemps arabe par la présence de Mark Bowman, Haut représentant du G8 à la présidence du partenariat de Deauville. En tout, 1700 participants dont 600 étrangers venant de 45 pays. M. Ali Laarayedh a adopté le même discours qui veut que la Tunisie réalise des progrès économiques, et ce en se basant sur des chiffres contestés par de nombreux économistes et experts. «Une croissance de 3,6%, un chômage qui passe de 18 à 16% et un déficit budgétaire lui aussi en baisse.» Quant à Lamine Doghri, ministre du Développement et de la Coopération internationale, il a avancé que «2012 a été une année record en matière d’investissements étrangers. Les investissements directs étrangers (IDE) devraient représenter 3.000 millions de dinars tunisiens en 2013, ce qui nous aidera à atteindre les 4% de croissance espérés et à continuer à faire baisser le taux de chômage». Face à cet optimisme exagéré, M. Pekto Draganov, Secrétaire général de la CNUCED, insisté sur le fait  que «La Tunisie n’a pas retrouvé les flux d’avant la Révolution,» mais M. Doghri riposte «Nous menons un vaste chantier de réformes. Elles permettront de faire passer la proportion d’investissements privés par rapport aux publics de 50 à 60%, puis nous l’espérons à 80%». Il fait certainement allusion au projet d Code d’investissement qui lui aussi est déjà contesté par les opérateurs économiques. Ceux-ci pensent que ce nouveau Code aura l’effet contraire et n’attirera pas d’investisseurs potentiels. TIF 2013 avait pour thème «Nouvelle Tunisie, vers une nouvelle stratégie d’investissement durable», certes, mais pas pour cette année. À travers le Tunisia investment Forum, l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (FIPA) a programmé 30 intervenants, 500 rendez-vous d’affaires. Elle a remis 7 Awards du Tunisia investment forum aux entreprises étrangères établies en Tunisie, en reconnaissance pour leur contribution positive dans le renforcement des liens de partenariat et de leur engagement dans le développement économique durable de la Tunisie.

 

Najeh Jaouadi

 

Des actions 

Ahmed Mohamed Ali Al-Madani, président du groupe de Banque islamique de développement (BID) a rappelé qu’un accord a été conclu, jeudi, entre son établissement et le gouvernement tunisien sur la mise en place d’un partenariat stratégique qui s’étalera sur la période 2013-2015, moyennant un investissement de 1,2 milliard de dollars. Ce partenariat visera trois principaux domaines  la réduction des écarts entre les régions, l’impulsion du partenariat avec les pays arabes et l’encouragement du transfert technologique entre la Tunisie et les pays membres de la BID. «La Tunisie a bénéficié d’une enveloppe globale de financements de la BID depuis sa création en 1974, à hauteur de 3,5 milliards de dollars. La banque envisage la création d’un Fonds pour le développement des PME, dont la principale vocation sera le soutien des jeunes promoteurs et l’attraction des nouveaux investissements», a-t-il annoncé.

Phil Bennett, premier vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) annonce que sa banque réservera un enveloppe de 2,5 milliards d’euros par an (plus de 5 milliards de dinars) à partir de 2015, pour financer ses interventions en Tunisie, en Egypte, en Jordanie et au Maroc, soulignant que ces fonds devraient être alloués dans des projets de développement durable. La BERD mobilise chaque année un investissement global de 9 milliards d’euros, sachant que chaque euro investi génèrera 2 euros mobilisés par le secteur privé.

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