A ceux qui pensaient pouvoir profiter des divisions actuelles de la scène politique nationale en faisant valoir les résultats du référendum et le fort taux d’abstention pour semer la zizanie et remettre tout un processus en question, la réponse ne s’est pas faite attendre.
Dans ce que l’on considère, à juste titre, de fracture et de division sur l’évolution que connait la scène politique tunisienne, quand il s’agit de l’intérêt du pays et de sa souveraineté, on oublie ses différends et tout ce qui peut approfondir ces divisions pour s’unir et se rassembler autour des valeurs communes. Celles pour lesquelles des milliers de martyrs sont tombés : l’indépendance de la Tunisie, sa souveraineté et son intégrité.
« La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain », il n’y a pas de doute là-dessus quoi qu’en disent les vendus et les détracteurs. Et il suffit de se rappeler l’année 1985, c’était la dernière fois où un ambassadeur ou un diplomate américain est convoqué par les autorités tunisiennes. Bourguiba n’avait pas froid aux yeux et avait convoqué l’ambassadeur américain sur fond du bombardement sioniste de Hammam Chatt. Ce qui comptait pour lui, c’était l’intégrité territoriale et la souveraineté de son pays. Il ira jusu’à menacer de rompre les relations diplomatiques de la Tunisie avec les Etats Unis d’Amérique. On peut en rire mais au final il a eu gain de cause.
Kaïs Saïed a tenu, justement, à rappeler que « notre souveraineté et notre indépendance se placent au-dessus de toute considération ». Une position qui s’inscrit dans les principes de droit international, particulièrement, ceux du droit des peuples à décider de leur destin et du principe de non-ingérence. Notre pays avait depuis bien longtemps rejeté l’idée du droit d’ingérence si cher à Monsieur Bernard Kouchner.
Et il y a de quoi se révolter et de s’interroger sur les intentions de ceux qui s’autorisent à parler au nom de la Tunisie, la considérant comme un énième Etat ou une province relevant de leur compétence pour se permettre d’épingler le faible taux de participation au référendum et appeler à un retour aux anciens mécanismes dits démocratiques à travers un dialogue inclusif.
Une attitude qui a omis de prendre en compte que ce petit pays qu’est la Tunisie est aussi souverain que tout autre Etat, même s’il s’agit de puissance mondiale ou autre entité, que sa souveraineté intérieure, payée au prix fort avec le sang de milliers de martyrs, ne revient qu’à son peuple et que l’indépendance de sa décision nationale est sacrée. Aussi a-t-elle, et depuis son indépendance, rejeté toute forme d’ingérence dans ses affaires.
La réaction de la centrale syndicale est venue confirmer ce rejet tout en dénonçant
les déclarations émanant de représentants et de hauts responsables de pays étrangers notamment américains et européens portant sur la situation en Tunisie. Celles particulièrement du secrétaire d'Etat US, Anthony Blinken et du nouvel ambassadeur des USA en Tunisie, Joey R. Hood qui n’est pas encore en poste et qui portent en elles des menaces à peine voilées.
Il est clair que les appels lancés par certaines parties de la scène politique, le moins qu’on puisse dire vendues, pour une intervention étrangère à même de bloquer le processus engagé depuis le 25 juillet 2021 sont à l’origine de cette tendance que certains pays dits amis ont à vouloir dicter leur façon de voir et à s’ingérer dans ce qui ne les regarde pas.
Mais il est clair également que toutes ces pressions étrangères que subit la Tunisie n’ont qu’une seule finalité : pousser vers une normalisation avec l'entité sioniste.
La convocation de la chargée d’affaires à l’ambassade US pour un recadrage et un rappel à l’ordre, même si cela s’inscrit dans les usages diplomatiques, peut ne pas être suffisante. Il est temps de changer d’attitude et de sortir de cette position imposée par une situation économique désastreuse et qui a rendu le pays tributaire des bonnes grâces de ses partenaires et des pays qui se présentent en amis pour monnayer leurs aides.
Il est temps de se tourner vers ce qui peut sortir le pays de cette situation, de laisser de côté les différends et divergences, les discours sans contenu réel si ce n’est le dénigrement des adversaires politiques, de dépasser tous les clivages et d’engager un vrai dialogue social entre le gouvernement et la centrale syndicale pour trouver des solutions à toutes les questions en suspend.
Kaïs Saïed, devrait mettre de côté ses couacs avec ses adversaires et opposants, et agir dans ce sens pour rectifier le tir et se consacrer à tout ce qui touche à l’amélioration des conditions de vie des citoyens, au renforcement des ressources de l’Etat et à faire en sorte que l’on se libère de cette dépendance des bailleurs de fonds étrangers.
C’est ainsi et en unissant toutes nos forces, que l’on pourra parler de souveraineté nationale et d’indépendance de notre décision et pas autrement.
F.B