Entretien avec Roman Escolano, vice-président de la BEI pour le Maghreb: « Nous sommes là pour soutenir la croissance de la Tunisie »

 

En marge de sa visite officielle de trois jours en Tunisie, du 17 au 19 septembre, le nouveau vice-président de la BEI pour le Maghreb, Roman Escolano a bien voulu accorder à Réalités un entretien en privé pour donner des précisions sur les intentions de la BEI vis-à-vis du financement des projets de développement en Tunisie.
Quel est l’objet de votre visite en Tunisie ?
La BEI est le bras financier de l’UE, une diversité de 28 Etats. La répartition des tâches de gestion de la BEI a conduit à ma nomination le 1er septembre, comme vice-président en charge des relations avec les pays du Maghreb. C’est pourquoi, en tant qu’Espagnol, j’ai décidé avec fierté et plaisir d’accorder la priorité dans mes déplacements à l’extérieur de l’UE à la Tunisie, pour témoigner du soutien de la BEI à votre pays qui doit relever plusieurs défis.
Nous suivons de très près les réalités tunisiennes à la BEI, je suis venu pour communiquer avec les responsables tunisiens, souligner l’engagement et l’intérêt de la BEI aux côtés de votre pays.
Les grandes lignes du programme de ma visite portent sur des entretiens avec plusieurs membres du gouvernement : Investissement, Transport ainsi qu’une audience avec le Chef du gouvernement. Il y a également la signature d’un prêt de 50 ME à Amen bank, destiné au financement des projets à long terme des PME tunisiennes qui ont des difficultés pour accéder au crédit.

Quelles sont les priorités dans la stratégie de la BEI
Il faut savoir que la facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat poursuit sa contribution avec un éventail de produits financiers, touchant tous les besoins de la région depuis la micro-finance jusqu’aux projets d’infrastructure dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et de l’assainissement.
Il y a lieu de rappeler que ce qui distingue la BEI des autres bailleurs de fonds, c’est que des thématiques comme le changement climatique, l’infrastructure sociale avec des projets dans les secteurs de la santé et l’éducation, restent des enjeux importants. Dans la conjoncture actuelle en Tunisie, le soutien financier et l’accompagnement à apporter aux PME est devenu une urgence, compte tenu des besoins en liquidités des banques.

Pouvez-vous évaluer la contribution de la BEI au soutien de la Tunisie depuis le déclenchement de la Révolution
La BEI est devenue le premier bailleur international de fonds de la Tunisie depuis le soulèvement démocratique de 2011, avec une enveloppe de 1,1 milliard d’euros soit 2,5 milliards de dinars. Il ne s’agit pas de concours budgétaires ou d’aide à la balance des paiements, mais de financement de projets concrets avec un niveau de décaissements élevé.
Ma mission en Tunisie consiste à prouver que la Tunisie est un partenaire privilégié de la BEI pour le présent et l’avenir.
Le message le plus important à faire passer, c’est que le changement de personnes ne modifie en rien la position de la banque.
60% de nos concours financiers sont destinés au financement du secteur privé et nous avons accordé notre premier prêt pour la maintenance et la modernisation des écoles en Tunisie, soit 110 millions d’euros en faveur de 25% des écoles tunisiennes en co-financement avec la KFW et la commission européenne.

Notre pays est entré en récession économique : est-ce que cela modifie la position de la BEI vis-à-vis de la Tunisie ?
La récession technique ne change en rien au comportement de la BEI vis-à-vis de la Tunisie : notre engagement est un processus de longue durée qui pourrait comporter des prêts à échéance plus longue, car nous avons confiance en l’avenir de l’économie tunisienne. Le pipe-line des projets à financer est riche de projets.
Nous suivons avec intérêt les préparatifs relatifs au futur plan de développement 2016-2020, ainsi que les projets prioritaires à réaliser qui correspondent avec les conseils techniques de la BEI qui dispose d’un observatoire vis-à-vis des différents pays où nous avons des contributions financières.
Faut-il rappeler que la BEI dispose d’une expertise technique et qu’il y a une enveloppe de 50 millions d’euros réservés à l’assistance technique. C’est pourquoi nous sommes bien disposés à financer des projets concrets.

Quelles sont les mesures à prendre en priorité pour impulser la croissance en Tunisie ?
Nous partageons avec les responsables tunisiens la nécessité de changer de modèle de développement. Certes, il y a des priorités à prendre en compte qui correspondent à des enjeux à court terme, comme le développement des exportations, la promotion des investissements privés et l’amélioration du climat des affaires.
Les facilités à accorder aux PME à travers les banques locales est aussi une priorité.
A moyen terme il s’agit d’accorder des dotations aux infrastructures : ports et aéroports sans négliger les financements à forte valeur sociale qui répondent aux attentes de la population.
La Tunisie peut compter sur la BEI. Pour ma part, je voudrais revenir souvent, car je suis un ami de votre pays.

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