Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a accordé un entretien télévisé à la chaîne Al Watanya 1, le soir du lundi 20 mars 2017. Politique intérieure, crise libyenne, crise de Nidaa Tounes, ou encore la loi 52 : plusieurs thématiques ont été abordées à l’occasion.
Le Chef de l’État s’est livré à son exercice favori, le soir de ce 61ème anniversaire de l’Indépendance, lors de son entretien télévisé accordé à Al Watanya 1. Plusieurs thématiques ont été abordées à cette occasion. Néanmoins, le téléspectateur tunisien est resté sur sa faim concernant les questions vitales, notamment celles portant sur la crise économique et les solutions envisagées pour stimuler l’emploi et l’investissement.
Diplomatie parallèle, crise libyenne
La sujet n’a été évoqué que par une brève question du journaliste d’Al Watanya, relative aux déplacements des chefs des partis politiques à l’étranger, à l’instar de Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou3 Tounes qui s’est récemment rendu en Libye. « Il n’y a pas de diplomatie parallèle », a répondu le président de la République, avant de revenir sur l’initiative tunisienne pour la résolution de la crise libyenne.
Il s’agit, pourtant, d’une question centrale pour un État qui cherche à reforger son autorité et son prestige, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale.
Concernant la crise libyenne, justement, Béji Caïd Essebsi a soutenu que la seule solution envisageable ne peut être que 100% libyenne. « La Tunisie appelle à une solution sans aucune ingérence d’une partie extérieure », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’aurait pas entraîné la Tunisie dans une telle démarche s’il y avait le moindre danger.
« La situation économique n’est pas catastrophique »
Autre sujet abordé par le Chef de l’État : la crise économique qui secoue la Tunisie. Il a été interrogé sur les relations que le pays entretient avec le Fonds Monétaire International (FMI), qui s’est montré réticent sur la question de l’octroi d’un prêt de 620 millions de dollars à la Tunisie. « La situation actuelle est le résultat d’un cumul. Le FMI nous a toujours soutenu, mais estime que les salaires du secteur public ont été revu à la hausse sans qu’il y ait d’augmentation équivalente dans la production », a souligné le président de la République, qui précise que la situation n’est pas « catastrophique », la qualifiant plutôt de « pas bonne ». « La croissance diminue ainsi que le niveau de la production. Il est essentiel de rebooster ces indicateurs », a-t-il encore dit.
La souveraineté républicaine, la seule souveraineté
En évoquant les réussites sécuritaires, Béji Caïd Essebsi est revenu sur les accords militaires conclus avec les partenaires de la Tunisie, à l’instar des États-Unis. Une façon, pour lui, de trancher sur la question de la souveraineté tunisienne sur le plan militaire. « Il n’y a pas de souveraineté militaire. Il n’existe qu’un seul concept, et c’est celui de la souveraineté républicaine. La coopération internationale est importante dans la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, de grandes avancées ont été réalisées dans cette lutte. Nous faisons face, aujourd’hui, aux miettes du terrorisme et aux cellules dormantes », a expliqué le Chef de l’État.
« Je n’ai pas de parti politique »
« Le pacte de Carthage est toujours en vigueur », a, par ailleurs, martelé le président de la République, qui a souligné que le retrait de Slim Riahi, président de l’Union Patriotique Libre (UPL) du pacte ne signifie pas sa fin. « Le pacte constitue la feuille de route du gouvernement d’union nationale. Il peut être amélioré, mais pour l’heure il fonctionne bien », a déclaré Béji Caïd Essebsi.
Revenant, par la suite, sur la crise de Nidaa Tounes, le président de la République a souligné « qu’il n’a pas de parti politique depuis qu’il a été élu Chef de l’État ». « Tous les partis politiques sont en crise aujourd’hui, même si c’est à des degrés différents. On espère que Nidaa Tounes reprendra sa forme. Je suis l’affaire, mais je n’interviendrai que lorsqu’il y aura un danger réel », a-t-il expliqué.
En ce qui concerne l’éviction de la députée Leila Chettaoui de Nidaa Tounes, le Chef de l’État a affirmé qu’il est pour le fait que chacun soit mis devant ses responsabilités, « y compris l’Instance Vérité Dignité », a-t-il ajouté.
Régime politique et loi 52
Par ailleurs, le Chef de l’État a été interpellé sur le régime politique actuel de la Tunisie. « Est-il le bon ? ». Face à cette question, Béji Caïd Essebsi a répondu qu’il s’agit d’un chemin emprunté dans le cadre de la Constitution. « Je suis appelé à faire respecter cette Constitution, mais cette dernière n’est pas le Coran », a-t-il souligné, laissant, peut-être, entrevoir un certain désaccord avec le régime parlementaire.
Le Chef de l’État est, à la fin, revenu sur la loi 52, relative à l’allègement des sanctions pour les primo-consommateurs de cannabis, ainsi que sur la loi sur la réconciliation économique. « Je suis contre la peine d’emprisonnement des jeunes primo-consommateurs », a-t-il déclaré et d’enchaîner avec la réconciliation économique : « le projet a provoqué une grande polémique, mais il représente la seule façon de favoriser les investissements locaux et étrangers ». Le Chef de l’État a conclu avec un message d’espoir, adressé aux jeunes jeunes. « D’ici la fin de 2017, on aura accompli des pas importants », a-t-il souligné.
C’est, en somme, un entretien qui n’est pas allé plus loin que la dernière interview du Chef de l’État datant d’un mois plus tôt. La seule différence, est que le téléspectateur a pu profiter d’une visite au Palais de Carthage, aussi brève soit-elle, avant le début de l’entretien à proprement parler.
Comme souligné plus haut, le tunisien a encore faim de réponses et de solutions.