Difficile de trouver plus laconique que ce communiqué rendu public par la présidence de la république en début de soirée de vendredi 8 janvier courant (peu après 20h) suite à la rencontre du chef de l’Etat avec le chef du gouvernement.
Alors que cette rencontre intervient dans un contexte qualifié de conflictuel entre les deux hommes notamment après le limogeage du ministre de l’intérieur, on ne trouve pas mieux que de nous balancer un communiqué qui nous informe que la réunion avait porté sur la situation générale du pays, notamment la situation sanitaire et la question des préparatifs de la campagne de vaccination contre le coronavirus.
Il est vrai que cette question est plus qu’importante au vu de l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays et méritait le détour. Faut-il rappeler ici que cette question avait retenu l’attention du chef de l’Etat ce jour-là au cours duquel il a reçu des membres de la commission scientifique mais en l’absence du chef du gouvernement.
Sauf que, n’étant pas des enfants de chœur, ceux qui s’intéressent à la chose politique n’y ont pas totalement cru. La tension qui règne dans le pays, particulièrement sur sa scène politique, et les bruits qui courent autour de l’imminence d’un remaniement ministériel dont l’instigateur serait « le coussin politique » de Mechichi et la cible les ministres « proches » de Saïed ne pouvaient être occultés au cours d’une telle rencontre.
Autre point dont on ne dit mot et qui ne pouvait être passé également en sourdine, la polémique autour du dialogue national et de l’initiative de l’UGTT.
Il semble qu’en haut de la pyramide on n’a pas jugé utile de donner plus de détails à une population ébranlée par les différentes crises qui secouent le pays mais assoiffée, justement, de détails pour reprendre confiance en l’avenir même si ses contours sont toujours indéfinis. Un brin de répit en sorte.
Et ce n’est nullement pas la dernière phrase de ce communiqué qui pousserait dans ce sens. Le président de la république et le chef du gouvernement nous assurent « qu’il n’y a qu’un seul Etat dont les institutions travaillent ensemble et en complémentarité conformément aux dispositions des lois en vigueur« .
Que faut-il comprendre? Fallait-il réellement le préciser s’il n’y avait pas problème? Le président avait-il besoin de le signaler ? La réponse viendra des supputations de chacun, les parties concernées ayant opté pour la rétention de ce qui pouvait éclairer la lanterne des tunisiens.
Et puis, la vérité sur les relations entre les deux hommes va incessamment éclater. Les rumeurs insistantes sur l’imminence du remaniement sus-cité et qui visera, selon certaines fuites, tous ceux qui sentent l’odeur de Kaïs Saïed ou de sa cheffe de cabinet avec laquelle le torchon brûle encore plus fort, confirmera qu’il ne s’agit pas d’une simple querelle entre les deux têtes de l’exécutif ou, comme veulent le faire croire certaines mauvaises langues, de l’expression d’une ingratitude de l’un (Mechichi) vis à vis de l’autre (Saïed). Il s’agit en fait d’une guerre que le lobby islamo-affairiste n’a cessé de mener contre le président de la république.
On n’aura pas à attendre longtemps pour comprendre ce qui se trame ou ce que l’on essaye de cacher.
F.B