Suite au récent attentat meurtrier à Istanbul que le gouvernement turc a immédiatement imputé aux forces kurdes du PKK, le président turc Recep Erdogan a décidé de lancer plusieurs frappes aériennes contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie et de l'Irak.
Une opération terrestre transfrontalière planifiée de longue date a également été lancée, malgré les appels des États-Unis et de la Russie à faire preuve de retenue. Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, cité par l'agence de presse officielle Anadolu, a déclaré que " 471 cibles ont été touchées jusu’à présent et 254 terroristes ont été neutralisés lors de l'opération", tandis que les kurdes, qui nient fermement toute implication dans l'attentat d'Istanbul, affirment que 30 civils et 11 de ses combattants ont été tués.
Erdogan a déclaré que les frappes – n'étaient "que le début" et a réaffirmé sa détermination à créer un "couloir de sécurité" en Syrie.
Il convient de noter que le Pentagone américain s'est dit préoccupé par les frappes aériennes turques dans le nord de la Syrie, affirmant qu'elles menaçaient la sécurité du personnel militaire américain et a souligné que l'escalade de la situation mettait en péril des années de progrès contre l'Etat islamique.
Bien que l'administration Biden affirme que la Turquie a le droit de se défendre, elle est clairement préoccupée par la possibilité d'une nouvelle opération terrestre turque qui nuirait à l'objectif américain de vaincre les soldats restant de l'EI dans le nord de la Syrie et de l'Irak, qui seraient entre 6 000 et 10 000.
De son côté, Moscou, qui avait par le passé interdit aux combattants turcs d'utiliser l'espace aérien syrien, a exhorté Ankara à faire preuve de retenue. Dans le même temps, le Kremlin a exprimé l'espoir qu'il serait possible de convaincre les partenaires turcs de Moscou de ne pas recourir à une force excessive sur le territoire syrien.
Alors que la Russie a besoin que la Turquie contourne les sanctions économiques imposées par l'Occident à Moscou à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, elle s'est soigneusement abstenue de critiquer ouvertement le président Erdogan pour l'action militaire dans le nord de la Syrie.
Il semble que le président russe Vladimir Poutine ait décidé qu'Erdogan est important pour les intérêts de la Russie et sert d'intermédiaire avec l'OTAN et l'UE. Après tout, Erdogan a négocié l'accord qui a permis à la Russie d'exporter ses céréales et ses engrais, et en échange Moscou a autorisé l'exportation de céréales ukrainiennes.
S'adressant aux journalistes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que "bien qu'il y ait eu des désaccords entre la Russie et la Turquie dans leur approche de la Syrie, Moscou a compris les préoccupations légitimes de sécurité.".
L'attentat à la bombe sur l'avenue animée d'Istiklal, près de la place Taksim, le 13 novembre, qui a fait 8 morts et 81 blessés – que le gouvernement turc a immédiatement imputé au PKK et aux YPG – a été considéré comme une opportunité et une excuse parfaite pour mettre en œuvre le plan d'incursion.
Source : ANI