Éric Zeemour vient d’achever son premier meeting de campagne ce dimanche 5 décembre 2021. Dans les vastes locaux du Parc des Expositions de Villepinte, le polémiste controversé s’est donné à cœur joie sur ses sujets favoris : l’immigration et « l’islamisation de la France ».
Il faut dire que le Parc était bien rempli. Selon les chiffres officiels, près de 12 000 personnes sont venus pour voir leur candidat à l’élection présidentielle de 2022. Story telling – référence à ses origines algériennes, à sa mère -, contre-vérités, division de la société française…. Éric Zemmour était très à l’aise dans son exercice favori.
Sur la forme, son premier discours était visiblement bien travaillé. Son entrée était bien étudiée, ce qui n’est pas sans rappeler la prestation de l’ancien président Nicolas Sarkozy qui, en 2012, avait investi les mêmes lieux pour mener le même exercice avec un discours plus extrémiste que jamais. Et il avait échoué puisqu’il avait été battu par le socialiste François Hollande.
Des mesures xénophobes, victimisation et sa fausse main tendue
Avec Éric Zemmour, c’est la division et l’xénophobie qui s’enracinent. Le discours, diffusé sur BFMTV – l’une des chaînes les plus critiquées en France -, était axé sur le rejet du système macroniste, des immigrants clandestins, avec une confusion manifeste entre islamisme et Islam. Zemmour, une fois président, compte supprimer les aides sociales pour les migrants – même intégrés -.
Il compte, entre-autres, renvoyer les migrants chômeurs qui n’ont pas trouvé d’emplois après 6 mois d’inactivité. Il compte également supprime le droit du sol – même s’il n’est plus vraiment appliqué -. Il prétend, dans cette sauce extrémiste explosive, tendre la main aux Musulmans de France : ceux qui veulent s’intégrer sont nos frères.
C’est la première fois que Zemmour emploie le mot « frère » pour parler des Musulmans de France. Sans doute, ses conseillers l’ont bien coaché pour qu’il puisse séduire les électeurs issus de toutes les confessions et de toutes les couleurs politiques. « Faire face à la menace venant de l’autre côté de la Méditerranée », avait-il déclaré pour revenir maladroitement, par la suite, sur ses origines de cette même rive de la Méditerranée qu’il veut exclure. Une contradiction manifeste qui trahit un discours de division et d’xénophobie.
La victimisation était aussi l’une des stratégies déployées par Éric Zemmour. Il n’a cessé de pointer du doigt « les journalistes militants » à la solde du système. Il a également critiqué l’acharnement de tous contre sa personne et contre les Français qui le suivent. Au passage, rappelons que plusieurs confrères français ont été exclus du meeting, notamment ceux du « Quotidien de Yan Barthès ». C’est une émission décalée et très en vogue qui a toujours critiqué les extrêmes comme Marine Le Pen et Éric Zemmour.
Éric Zemmour n’est pas la France
Pour un premier discours, il est indéniable qu’Éric Zemmour et son équipe ont très bien travaillé leur entrée en jeu. Le polémiste est un excellent adversaire lorsqu’il s’agit de débattre. On s’attendait donc à ce que l’oral de ce dimanche ne soit pas à la hauteur des attentes. Finalement, en toute objectivité, c’était une réussite. Seulement, le polémiste la doit essentiellement à la victimisation et à la division auxquelles il a eu recours tout au long de discours.
Après tout, on s’attendait pas à moins de sa part. Il était fidèle à lui-même, à ses contradictions et à ses contrevérités. Les médias français qu’il pointe du doigt ont été, majoritairement, à l’origine de sa montée en flèche dans les sondages. Il est l’incarnation de la montée inquiétante de l’extrémiste, du rejet d’autrui et du replis sur soi qui caractérisent non seulement la France, mais plusieurs autres pays.
Heureusement qu’Éric Zemmour ne représente pas la véritable France que nous connaissons. La France de la tolérance, des Droits de l’Homme, de Charles de Montesquieu, de Jean-Paul Sartre, de Simone de Beauvoir, d’Olympe de Gouges, d’Albert Camus, de Voltaire… et de bien d’autres.
Fakhri Khlissa