Escalade meurtrière à Gaza, vers une troisième intifada ?

 

Va-t-on vers une troisième intifada ? C’est en tout cas la question qui est sur toutes les lèvres au vu des récents déchaînements de violences israéliennes contre les Palestiniens. Tout espoir de négociation entre les deux camps semble s’amoindrir de jour en jour et la communauté internationale peine à réagir. Retour sur une situation des plus périlleuses.

Comment en est-on arrivé à cette situation dramatique alors que le front palestino-israélien semblait relativement calme depuis quelque temps ? Pour le comprendre, il faut reprendre les faits. Le regain de tensions entre Israël et le Hamas trouve sa source avec l’enlèvement et l’exécution de trois jeunes colons israéliens, en juin, puis d’un Palestinien en juillet. L’armée israélienne a tout d’abord mené une campagne de représailles contre le Hamas, qui a riposté par des tirs de roquettes. La situation s’est par la suite envenimée avec les raids aériens meurtriers de l’armée israélienne. Dès lors, va-t-on se diriger vers une intervention au sol, voire une troisième intifada ? Face à l’escalade militaire israélienne disproportionnée, Ban-Ki Moon, le Secrétaire général de l’ONU, a évoqué le risque que la situation «échappe à tout contrôle». Plus de 100 Palestiniens ont été tués au cours des trois premiers jours du conflit, sans compter d’innombrables blessés. Souhaitant trouver une solution au plus vite, Ban-Ki Moon a convoqué une réunion à l’ONU, également réclamée par les Palestiniens et les pays arabes. Mais la communauté internationale est-elle réellement en mesure d’avoir prise sur le gouvernement Netanyahu ?

L’Égypte, médiateur obligé

L’Égypte, premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël en 1979, a souvent joué un rôle d’intermédiaire entre Israël et le Hamas. Mais cette fois-ci, les choses semblent différentes depuis le changement de régime égyptien. Et pour cause, Abdel Fattah al-Sissi a interdit sous sa présidence le Hamas en Égypte, accusé d’avoir collaboré à des attentats dans le pays. L’Égypte ne condamne plus les agissements d’Israël, elle appelle simplement à l’apaisement. Dès lors, d’autres pays peuvent-ils remplacer l’Égypte dans son rôle de médiation? Concernant la Turquie, ses relations avec Israël sont encore trop tendues pour pouvoir aboutir à un terrain d’entente puisque Netanyahu a tardé à signer l’accord de réconciliation entre les deux pays. En ce qui concerne le Qatar, Israël n’a plus de relations avec ce Etat où vit Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas. La situation est donc complexe. Du côté de la communauté internationale, les réactions sont encore timides et empreintes de sympathie à l’égard d’Israël. Le président français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont téléphoné à Netanyahu pour lui exprimer leur solidarité face aux tirs de roquettes du Hamas sans mettre en cause les raids israéliens. Quant au chef de la diplomatie américaine, John Kerry, il s’est lui aussi entretenu avec le Premier ministre israélien et semble être sur la même longueur d’onde avec ses collègues européens. Dès lors, pourquoi la communauté internationale peine-t-elle à condamner les agressions contre les civils palestiniens ? Par lassitude, dirons certains, puisque pour beaucoup ce conflit est interminable et connaît des phases d’apaisement et de violences successives, mais surtout parce que les chancelleries occidentales considèrent l’exécution des trois jeunes israéliens, à l’origine du conflit actuel, comme un assassinat et un crime terroriste qui autorise Israël à se défendre et protéger sa population. Elles feignent d’oublier que c’est le fait colonial qui engendre ces violences récurrentes.

Détruire la force de frappe du Hamas

Côté israélien, les bombardements s’intensifient et les déclarations politiques s’enchaînent. Le ministre chargé des services de renseignement, Youval Steinitz, a affirmé qu’une invasion terrestre de la bande de Gaza était une option de plus en plus plausible. «Il se peut que nous soyons obligés de prendre le contrôle temporairement, pendant quelques semaines pour démanteler l’armée terroriste que le Hamas a formée, même si le prix à payer pour nous est élevé» déclare-t-il. Israël pourrait par la même profiter de la situation afin de continuer et renforcer sa politique de colonisation. Quant au Hamas, il semble lui aussi dans une logique de combat. Il ne peut se permettre de céder face à Israël, d’autant plus qu’il se veut le chantre de la résistance. Le Hamas se veut le porte-parole de la population palestinienne et sa légitimité prend sa source dans cette posture et dans la violence infligée par Israël à la population palestinienne.

Au nom de la Bible

Le gouvernement Netanyahu s’est toujours targué d’appliquer la doctrine de la «responsabilité collective». Cette dernière est tout bonnement l’interprétation de principes religieux provenant de la Bible qui recommandent de punir tout un groupe au nom du crime commis par un de ses membres. C’est de cette manière que les logements des Palestiniens reconnus coupables ou fortement suspectés d’un acte criminel sont détruits sans ménagement, frappant des centaines de civils sans distinction. C’est ainsi que l’aviation israélienne a visé plusieurs centaines de cibles depuis le début de l’opération «Bordure protectrice».

Pendant la seconde intifada (2000-2005), lorsqu’il y avait une élimination ciblée ou un bombardement meurtrier, le Hamas répondait souvent par un attentat-suicide. Aujourd’hui, ol semble disposer de nouveaux moyens lui permettant de répondre autrement. Cependant, il faut noter qu’il n’y a pas eu de soulèvement populaire massif, ni en décembre 2008 (opération «Plomb durci»), ni en novembre 2012 (opération «Pilier de défense»). Les récents affrontements sont encore limités, géographiquement parlant, et dans le reste des territoires occupés par Israël, on ne note pas de mobilisation de grande ampleur. Le massacre de civils gazaouis conduira-t-il à une nouvelle Intifada ?

I.A

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