Nous sommes à l’une des plages de Bizerte. Ces plages de plus en plus prisées par les vacanciers. Réputées pour leur eau translucide d’un bleu azur à couper le souffle, les plages de Bizerte drainent de plus en plus de foule d’estivant en quête de bonne baignade. D’ailleurs, les cortèges de voitures qui y défilent, semblent comme attirées par un aimant magnétique. Normal, ces plages sont d’une beauté aussi paradisiaque que magnétique !
D’ailleurs à bien observer les marques de voiture, on voit une majorité de carrosses de haute marque. Et si l’on a justement une cylindrée de confort, il est tout à fait compréhensible de ne pas vouloir la salir…
Dès lors, une fois l’heure de la baignade est dépassée et qu’on s’apprête à rentrer, on n’oublie jamais de remplir des bouteilles en plastique avec de l’eau de mer. Il ne faut surtout pas laisser traîner quelques graines de sable sur les tapis et les banquettes des véhicules, c’est beaucoup trop sale ! Tout le monde passe au lavage des pieds avant de monter à bord ! Quand les pieds sont bien cleans, tout propres et nettoyés, on jette les bouteilles en plastique vidées par terre sur le sable, on monte à bord, on met les pleins gaz et on quitte les lieux ni vu ni connu, la conscience tranquille ! Passage après passage, ces traces « humaines » créent une surface parsemée de bouteilles en plastique qui se font écraser sous les roues des bagnoles et se font souvent enterrer quelques pieds sous terre…
C’est sur Facebook que cette image a massivement circulé pour susciter, et à juste titre, de vives contestations… Des contestations où tous les doigts accusateurs ont pointé vers le comportement tellement contradictoire des Tunisiens qui veulent se faire passer pour des gens civilisés sans en maîtriser les plus élémentaires des rudiments de la civilité!
Les voitures restent propres. Les plages se salissent. Et si personne ne prend la peine de ramasser ses déchets et ses restes avant de quitter les lieux et qu’aucune main humaine responsable et bienveillante n’intervient, ces bouteilles qui parsèment le sable y restent. Elles sont là pour raconter une histoire : celle d’un pseudo-humain irresponsable, égoïste et tellement incivique et non civilisé qui a laissé derrière lui une bouteille qui ne mettra pas moins de 450 ans pour se décomposer.
Et je dis bien se décomposer ! Car loin de disparaître, les micro-particules et autres nano-particules issues de cette dégradation naturelle sont à l’origine d’une pollution invisible. Celle-ci affecte le sable et atteint l’eau de la mer, tuera les êtres vivants dans le milieu aquatique où les rendront malade. Et 450 ans après le passage de cette carrosse, tous ceux qui vivent dans cette mer, ceux qui se nourrissent de ses produits ou se baignent dans son eau, tomberaient malades. Car la biodégradation totale de ces particules peut aller jusqu’à 1 000 ans. Et mille ans après, ces victimes-là qu’elles soient animales ou humaines, vont encore maudire les propriétaires de cette voiture, ceux qui étaient à bord et toute leur descendance !
Abir CHEMLI
*Photo de la page Facebook Bou Eleez