Les récentes et multiples opérations de surproduction agricole auraient dû attirer l’attention des responsables politiques et susciter leur intérêt pour le secteur agricole.
En effet, surproduction de lait, d’agrumes, de tomates de saison, de poulets de chair et de dattes auraient dû faire comprendre au pouvoir exécutif de notre pays que certains secteurs de production agricole sont devenus majeurs et matures et à ce titre doivent connaître un autre type de gestion, celle des excédents et non celle de la pénurie.
Il faut reconnaître que nos responsables politiques ont négligé l’investissement et le développement du secteur de l’agriculture pendant des décennies.
Ils ont sous-estimé, à tort, la capacité du secteur à servir de plate-forme pour la promotion de la croissance économique du pays.
En effet, les atouts de notre agriculture ne manquent pas.
Une tradition agricole plusieurs fois millénaire transmise de père en fils, faite d’un savoir-faire prospère mais différent d’une région à l’autre.
Des terroirs diversifiés, des sols riches et des climats variés allant du tempéré au saharien en passant par le Méditerranéen.
Un patrimoine agronomique comportant une large palette de fruits, légumes, céréales, légumineuses, aux saveurs spécifiques et appréciées aussi bien par la population locale qu’à l’export.
Des superficies irriguées qui s’étendent sur environ 480.000 ha et un réseau impressionnant de grands barrages pour mobiliser et stocker les eaux de pluie outre les sondages profonds et les barrages collinaires.
Il faut reconnaître que l’agriculture présente des avantages compétitifs certains par rapport à l’industrie et au Tourisme.
Elle favorise l’attachement de la population au sol et maintient la main-d’œuvre dans les régions intérieures et à ce titre, favorise le développement régional.
C’est pourquoi l’investissement agricole doit être favorisé et subventionné pour améliorer les rendements et faire baisser les coûts. L’agriculture contribue à l’auto-suffisance alimentaire du pays : lait, viande, … c’est un puissant facteur de création d’emplois sans qu’il y ait des investissements massifs.
Mais alors, c’est quoi un moteur de croissance ?
Lorsqu’un facteur de production ou un secteur économique provoque des impacts déterminants sur le développement des activités dans d’autres secteurs et a des effets d’entraînement sensibles sur l’emploi, le volume, de la production et l’exportation, on dit qu’il s’agit d’un moteur de croissance.
Lorsque la croissance économique est en panne, ce qui est le cas en ce moment et cela depuis six ans, il faut trouver une locomotive pour tirer l’ensemble des wagons de l’économie de notre pays vers l’avant.
Cette locomotive a besoin d’être préparée pour assumer cette responsabilité par la mise à niveau globale du secteur afin de lui insuffler l’efficacité et la puissance nécessaires pour impulser la croissance économique.
Pour être un moteur de croissance, le développement de l’agriculture peut et doit avoir un impact certain sur l’amont et l’aval du secteur agricole.
L’amont, ce sont les activités industrielles et commerciales qui approvisionnent les producteurs agricoles en matières premières et semi-produits : semences et plants sélectionnés, engrais chimiques, machinisme agricole, outils et ustensiles pour le travail du sol, tuyaux pour l’irrigation, aliments composés pour le bétail…
L’aval, c’est la cueillette et la révolte, ce sont les industries agroalimentaires : stations de conditionnement des fruits et légumes, hangars et entrepôts frigorifiques, matériel de transport , silos pour la conservation des céréales, usines de conserves de jus et de transformation des fruits et légumes, centrales laitières et usines de yaourts, ainsi que la logistique nécessaire pour l’exportation des produits agricoles.
Nos objectifs consistent à promouvoir la valeur ajoutée, augmenter la contribution du secteur agro-alimentaire au PIB et au lieu de le voir perdre des emplois d’une année à l’autre, il s’agit de provoquer la création d’emplois.
Cependant un handicap majeur empêche notre agriculture d’être prospère : les 2/3 de notre pays souffrent d’un climat semi-désertique ou désertique, ce qui engendre un énorme déficit céréalier qui nous contraint à des importations massives de blé chaque année.
En conséquence, la désertification progresse chaque année du Sud vers le Nord, ce qui constitue une menace pour l’avenir, accentuée par le réchauffement climatique.
Ce sont les cultures arbustives en sec, l’olivier, l’amandier et le figuier par exemple qui permettent de fixer le sol et de faire reculer le désert.
Sous certaines conditions, l’agriculture est en mesure d’assurer cette lourde responsabilité.
Valoriser l’exploitation des terres domaniales par la réactivation des SMAA et l’attribution de lots aux techniciens agricoles. Mais aussi favoriser l’appropriation privée des terres collectives
Rationaliser la gestion des périmètres publics irrigués.
Favoriser l’accès des producteurs agricoles au crédit bancaire et promouvoir l’investissement privé.
Mettre en place des mécanismes efficaces en vue de développer l’exportation des produits agricoles.
Veiller au développement des industries agro-alimentaires grâce à des partenariats avec des enseignes internationales.
L’Agriculture peut créer 50.000 emplois et générer 2% de croissance supplémentaire du PIB par an.
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