Théorie du Complot
Et si nous étions les marionnettes de nos propres démons ?
Enfants, on a tous côtoyé et joué avec des enfants qui, attrapés entrain de faire une bêtise, se justifieraient en affirmant qu’on les a poussés à la commettre. Qui ? Comment ? Des questions auxquelles ils seraient incapables de répondre. A titre d’anecdote, une lycéenne ayant été sanctionnée par le professeur car elle avait copié l’intégralité du texte de sa camarade, sans rien modifier, lors d’un examen, s’en est prise à celle sur qui elle a copié, c’était sa faute de ne lui avoir pas insufflé les modifications à faire … Ou encore, un adulte a découvert qu’un groupe d’enfants fumaient, quand il leur en parla, l’un de ces enfants eut comme reflexe, de lancer « Wallah khatini ! (Je jure) que ce n’est pas de ma faute, elle (pointant une fille du groupe) m’a obligé à le faire »…
Ces enfants et élèves en grandissant, développèrent une théorie de génie, tout est complot, matrice, soldats de l’ombre… mais ne s’avoueront même pas à ce titre, manipulables, voire, dépourvus de volonté et de cerveaux comme s’ils étaient des marionnettes. Deux piliers maintiennent en effet l’édifice : d’un côté, des mains insaisissables et plus fortes ont scellé leur destin et d’un autre côté, ne jamais se remettre en cause, pour qu’au moins l’on puisse déterminer pourquoi ils sont victimes de ces puissances. En gros, ce n’est jamais leur faute…
Le 17 décembre 2010, feu Bouazizi s’immola, des milliers de Tunisiens ont ensuite envahi les rues, chaque région, chaque couche sociale, chaque corps de métier et peut-être bien chaque Tunisien avait ses propres revendications, ses frustrations et des raisons propres à lui quant à sa colère à l’encontre du pouvoir en place. Aujourd’hui, comme pris sous l’ampleur d’une drogue, consommée alors il y a quatre ans, ou frappés d’amnésie dans le présent, nombreux Tunisiens vous diront qu’ils ont été manipulés, ou alors que ce n’était pas une révolution, mais une machination étrangère pour faire tomber la Tunisie et après elle les pays arabes. Que les puissances étrangères aient trouvé leurs intérêts dans cette chute du pouvoir ou alors qu’elles se soient empressées de protéger leurs intérêts une fois le pouvoir ébranlé, certes ! Mais que l’on arrive aujourd’hui à croire que tout allait bien, que les Tunisiens ne vivaient pas dans une dictature policière et mafieuse, oppressés par un régime totalitaire qu’ait duré 23 ans et appauvris par quelques familles se trouvant au pouvoir, serait mentir à l’Histoire. Qu’on prétend alors, qu’un jour les Etats-Unis et autres puissances aient décidé de changer les cartes, incitant ainsi ce peuple qui, à les croire vivait en paix, relève du déni. En effet, en voyant la situation tourner au vinaigre, une grande partie des Tunisiens, ne s’étant peut-être pas attendus à ce que les choses soient dures à reconstruire, ont tout simplement cherché un responsable, ailleurs, sûrement pas parmi eux ou en eux-mêmes. Supposons que cela ait été un complot, où était leur attachement au régime quand ils étaient sortis ? Supposons encore qu’ils aient été tellement manipulés qu’ils avaient envahis les rues, supposons que les puissances étrangères aient voulu implanter le chaos chez nous, où est passée notre volonté de construire après la destruction? Certains Tunisiens imputent jusqu’au présent notre difficulté à nous développer à la colonisation française, à ceux-là s’ajoutent ceux qui aujourd’hui imputent notre effondrement et nos crises à un complot américain, sioniste, franc-maçons etc.
A supposer que cela soit vrai, en moins d’un siècle des puissances se sont construites, à titre d’exemple, on n’a pas seulement comploté contre le Japon, on l’a rasé au nucléaire, aujourd’hui c’est une puissance industrielle, on n’a pas seulement comploté contre l’Allemagne, on l’a divisé en deux, aujourd’hui, elle est à la tête de l’Europe, on n’a pas comploté contre les juifs, on les a gazé et aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, Israël devient une puissance, narguant tous ses voisins dont la civilisation est vieille de quelques millénaires.
On répète que l’Occident, depuis des siècles détruit notre civilisation. On n’impute pas sa chute aux sultans et Califes trop occupés à faire la guerre pour le pouvoir et à collecter les femmes pour leur Harem. On n’avoue pas que nos propres savants, dont à titre d’exemple, Avicenne et Iben Roched ont été massacrés par les mains de nos fanatiques.
Aujourd’hui, on refuse d’admettre que les soldats de Daech sont nos enfants, nourris, élevés, instruits, puis échouant et se perdant chez nous. Ils sont devenus les meilleurs soldats desservant nos causes et servant les intérêts étrangers, mais toute puissance se doit de protéger ses intérêts, à nous de protéger les nôtres, détruits par nos propres enfants. Aujourd’hui on dit que Daech est le fruit d’un complot, sans chercher à remédier aux défaillances ayant conduit à la naissance des Daechiens. Pire encore, on la renie, tout en sachant qu’une grande partie de notre histoire ait été bâtie à la manière de Daech.
Il serait certes naïf de croire que les puissances n’œuvrent pas pour leurs intérêts ou de nier que des alliances se nouent contre certaines nations ou convoitant certaines richesses. Mais il serait fataliste de croire qu’on n’y peut rien car les cartes sont jouées d’avance et surtout il sera irresponsable de ne jamais chercher les failles en nous…
La bible dit « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et un vent de Dieu agitait la surface des eaux. Dieu dit : » Que la lumière soit » et la lumière fut. », de l’obscurantisme du Moyen-âge, l’Occident s’est pris en main et a marché vers la lumière et le développement. Le Coran dit « Ekraa », « instruits toi », les arabo-musulmans, dans le passé, ont tué nombreux savants et aujourd’hui, refusent d’aller vers la lumière, cherchant dans les ténèbres, les soldats de l’ombre, ceux qu’ils accusent de comploter contre eux.
On gagnerait peut-être du temps à déchirer alors les fils nous faisant bouger comme des marionnettes au lieu de chercher sans peut-être jamais trouver qui les bouge dans les coulisses. Peut-être bien aussi, découvrirons nous que nous étions les marionnettes de nos propres démons…