2022 s’annonce riche en événements politiques. Les citoyens français sont appelés aux urnes les 10 et 24 avril prochains pour élire leur président ou présidente, et la campagne est bien lancée. Ailleurs dans le monde, d’autres échéances seront très suivies comme les élections législatives organisées en Hongrie avec à la clef, la place du dirigeant Viktor Orban. Dès la fin janvier, l’Italie s’apprête elle aussi à changer de président.
Hors de l’Europe, les Brésiliens ont également l’opportunité de changer de président. Jair Bolsonaro affronte en effet l’ancien chef de l’Etat Lula en octobre prochain. Tandis qu’aux Etats-Unis, Joe Biden devra passer le grand test de tous présidents américains : les élections de mi-mandat en novembre. Une évaluation réelle de la première moitié de son mandat.
*Le test des « midterms » pour Joe Biden
C’est une élection presque aussi importante que la présidentielle aux Etats-Unis. Le 8 novembre prochain, les citoyens américains sont appelés aux urnes à l’occasion des élections de mi-mandat, appelées les « midterms » outre-Atlantique. L’équivalent, pour le président élu Joe Biden, d’un test sur ses premières années au pouvoir. Les électeurs américains renouvelleront, ou pas, les mandats des 435 membres de la Chambre des représentants et 34 des 100 sièges du Sénat.
Pourquoi ce scrutin va compter. L’enjeu pour le président en place est de conserver une majorité au sein des deux assemblées. Pour les républicains, c’est de pouvoir gagner cette majorité. Dans un tel cas, Joe Biden serait bien embêté pour faire voter ses réformes, notamment son gigantesque plan de réformes sociales, baptisé « Build Back Better » (Reconstruire en mieux). Sans oublier que Donald Trump, qui nie toujours sa défaite un an après l’assaut du Capitole à Washington, n’est pas hors course. Il aimerait voir des élus républicains qui lui sont fidèles à la Chambre des représentants.
Ce que disent (déjà) les sondages. Selon le sondage le plus récent sur le travail de Joe Biden à la Maison-Blanche, réalisé par le Grinnell College/Selzer en octobre dernier, seulement 37% des personnes interrogées se disent satisfaites de l’exercice de ses fonctions en tant que président, 50% le désapprouvent. L’indice de confiance dans le président démocrate chute à 36% en ce qui concerne les questions économiques et à 27% sur le thème de l’immigration. Mal embarqué, il a jusqu’à novembre pour remonter la pente.
*Bolsonaro contre Lula au Brésil
Jair Bolsonaro pourra-t-il être réélu ? Le 2 octobre prochain, les électeurs brésiliens auront l’occasion de changer de président ou de le conserver. Mais rien n’est moins sûr pour le chef d’Etat populiste qui a mené une guerre de désinformation sur la pandémie de Covid-19. Son adversaire, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, plus communément appelé Lula, fait son retour et compte bien retrouver la tête du pays. Un troisième homme entre également dans l’équation. Il s’agit de l’ancien juge anticorruption Sergio Moro, ex-ministre de la Justice du président Bolsonaro.
Pourquoi ce scrutin va compter. Très critiqué pour son déni face à l’ampleur de la pandémie dans un pays où le Covid-19 a fait plus de 617 000 morts, deuxième pire bilan après les Etats-Unis, l’actuel chef de l’Etat brésilien risque un procès pour neuf crimes, dont « crime contre l’humanité ». Le gouvernement Bolsonaro a notamment été accusé d’avoir « délibérément exposé » les Brésiliens à « une contamination de masse », en raison du discours anticonfinement du chef de l’Etat et de retards dans l’achat de vaccins. « Il y a une nouvelle compréhension du rôle que Lula peut jouer pour sortir le Brésil de cette ère de ténèbres dans laquelle Bolsonaro l’a plongé, décrypte pour L’Express le politologue Joao Alexandre Peschanski. Mais la clef du scrutin reste l’économie. Le pays est traumatisé par la pandémie du coronavirus qui laisse, outre un bilan humain très lourd, une crise socio-économique dévastatrice. »
Ce que disent (déjà) les sondages. Jair Bolsonaro atteint des records d’impopularité dans les sondages et l’écart se creuse avec son adversaire politique. D’après une enquête d’opinion réalisée des 13 au 16 décembre par l’institut de référence Datafolha, Lula, 76 ans, est crédité de 48% des suffrages, contre 22% pour le président actuel Jair Bolsonaro. Quant à Sergio Moro, il enregistre 9% des intentions de vote. Si Lula devait être élu, les Brésiliens retrouveraient un président bien connu qui a déjà terminé deux mandats successifs. Condamné en appel pour corruption et blanchiment d’argent, il a retrouvé son éligibilité avec l’annulation, en mars, des sentences le visant.
*Législatives déterminantes pour Orban en Hongrie
Les forces en présence. Au pouvoir depuis 2010, Viktor Orban pourra-t-il rester en place après les élections législatives organisées le 2 avril prochain ? Alors qu’il a tenu en échec les six principaux partis d’opposition jusqu’ici, le Premier ministre hongrois est mis en danger par l’union de ces partis dans une seule force adverse menée par Peter Marki-Zay (centre droit). Ils ont déjà prouvé l’efficacité de cette association lors des dernières élections municipales.
Pourquoi ce scrutin va compter. Le leader du parti Fidesz, qui mène une politique agressive anti-Union européenne et anti-LGBT+ et autres minorités, risque sa place. Son départ éventuel pourrait ouvrir une nouvelle phase avec les leaders européens, et un apaisement des relations. Ces élections législatives seront bien surveillées à l’internationale, l’ONU craignant une couverture « impartiale » du scrutin par la presse publique. « J’observe un environnement médiatique perverti en Hongrie où le pluralisme, l’indépendance et la diversité des médias sont remis en question », a déclaré à Budapest Irene Khan, rapporteure spéciale de l’ONU pour la protection de la liberté d’opinion et d’expression.
Ce que disent (déjà) les sondages. Mais rien n’est fait pour l’opposition. Selon un sondage relayé par Ouest-France, Peter Marki-Zai, qui se présente comme un candidat anti-élite et anti-corruption, est crédité de 46% des intentions de votes contre 48% pour la formation du Premier ministre sortant.
*Un nouveau visage à la tête de l’Italie
Les forces en présence. L’Italie tourne la page de sept années sous l’ère Sergio Mattarella. Le président sortant ne se représente pas après son septennat qui se termine en février, imitant ainsi ses prédécesseurs. Qui pour le remplacer ? L’actuel président du Conseil, situé au Palazzo Chigi, Mario Draghi, se présente comme le favori du scrutin. Néanmoins, l’ancien Premier ministre, célèbre notamment pour ses frasques, Silvio Berlusconi, n’exclut pas de se présenter également, soutenu par le leader de la Ligue Matteo Salvini et des post-fascistes Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Trop clivant, il n’aurait toutefois pas de grandes chances d’être élu selon les experts politiques italiens.
Pourquoi ce scrutin va compter. L’élection prévue le 24 janvier au suffrage indirect, par le collège électoral composé de 1007 élus, du prochain président italien sera largement suivie en Europe. Si Mario Draghi est élu, qui prendra sa place au Conseil ? « Quand on discute avec nos collègues européens, on se rend compte que tout le monde veut le [Mario Draghi] voir rester au Palazzo Chigi, souligne une source proche de l’exécutif au Point. Parce qu’il y a cette crainte que, sans lui aux commandes, la mise en place du plan de relance ne soit ralentie alors que l’année à venir sera fondamentale pour la croissance italienne. »
(L’Express)