Parallèlement aux bombardements, aux mesures sécuritaires et militaires, aux traques et aux arrestations, c’est une autre guerre que le monde a impulsée pour faire face au terrorisme. C’est le nerf de la guerre que la communauté internationale cherche à maîtriser pour étouffer financièrement les groupes terroristes et faire échouer leurs plans maléfiques. Même si ce travail de traque financière n’est pas nouveau, il a connu ces dernières années une importante accélération après les avancées de Daech.
La question de la traque des finances des réseaux terroristes est aujourd’hui à l’ordre du jour des sommets du G7 et des réunions régulières de leurs ministres des Finances. Cette instance s’est fixé un programme de travail ambitieux dont l’objectif est d’étrangler les réseaux de financement du terrorisme. Dans ce programme, trois questions essentielles sont au cœur des échanges des plus argentiers de la planète. La première est celle de la mise en place d’un dispositif de coordination du gel des entités ou d’individus soupçonnés de terrorisme. Certes, dans ce domaine les listes de gel élaborées par les Nations-Unies sont respectées par tous les pays membres. Mais, les législations diffèrent beaucoup et certains bénéficient de ce manque de coordination entre les pays développés. L’objectif de cette mesure est de s’assurer que lorsqu’un pays gèle les comptes d’un individu ou d’une entité pour raison de terrorisme, les autres pays font de même.
Le second axe de travail concerne les paiements virtuels et les monnaies virtuelles dans la mesure où certains dispositifs permettent de garder l’anonymat des paiements. Les experts des pays développés doublent d’efforts et d’ingénierie technique afin de mettre en place des systèmes de surveillance de ces paiements et pouvoir déterminer l’identité de ceux qui les effectuent. Le troisième axe de travail des pays développés concerne le partage et l’échange d’informations financières entre les pays du G7 sur les individus soupçonnés de terrorisme.
Les pays du G7 sont en train de faire des avancées notables sur l’ensemble de ces questions qui, pour beaucoup d’entre eux, demandent des changements importants dans le domaine législatif à travers leurs textes de lois et leurs procédures administratives.
Parallèlement au travail stratégique effectué par les pays du G7, un autre organisme s’occupe au niveau international de la traque et de la lutte contre les réseaux financiers qui alimentent le terrorisme. Il s’agit du GAFI ou le Groupe d’action financière internationale, un organisme intergouvernemental composé de 36 membres qui a été créé en 1989 et dont l’objectif est de lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme en proposant des plans concrets pour faire face à ce fléau. Cet organisme a fait une série de recommandations qui sont rentrées en application par la plupart des pays membres. Parmi ces recommandations on peut citer la restriction des paiements en liquide, la vérification obligatoire d’identité pour les crédits à la consommation, la surveillance renforcée des gros dépôts et des transferts de capitaux aux frontières, la vérification des gros retraits en espèce.
Le GAFI joue un rôle important dans la coordination des efforts dans la lutte contre les réseaux financiers liés au terrorisme. Cet organisme s’est concentré ces dernières années sur les sources de financement du groupe de l’Etat islamique qui proviennent de deux sources : la vente de pétrole mais aussi la vente des pièces rares d’art en provenance des musées d’Irak ou de Syrie à des collectionneurs à travers le monde. Pour les ventes de pétrole, d’importants efforts sont effectués sur le marché international pour limiter l’accès des groupes terroristes contrôlant des gisements pétroliers. Pour les œuvres d’art, d’autres mesures sont prises avec la mise en place de contrôles douaniers plus rigoureux pour empêcher l’entrée de pièces comme le marquage des œuvres afin de les identifier plus facilement et de pouvoir ainsi interdire la commercialisation.
D’importants efforts ont été effectués par la communauté internationale pour traquer les réseaux financiers des groupes terroristes et les étrangler financièrement. Mais, en dépit de ces progrès, ce travail rencontre de nombreuses difficultés. En effet, les groupes terroristes se sont réorganisés pour échapper aux mailles du filet. Les transferts, selon les services experts de GAFI, portent aujourd’hui sur de petites sommes qui n’attirent pas l’attention et sont par conséquent difficiles à traquer. Cet effort est d’autant plus difficile que le nombre de comptes bancaires est important dans les grands pays.
La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine qui doit se faire à différents niveaux notamment militaire, sécuritaire, culturel et social. Le domaine financier n’est pas des moindres et la communauté internationale a renforcé ses efforts pour traquer et étrangler les réseaux financiers des groupes terroristes. Ce travail doit se poursuivre et s’étendre à tous les pays afin d’étouffer ces groupes et les priver de moyens d’action importants.
Réalités magazine 1550