Etude: Les recommandations de l’OCDE pour booster l’économie tunisienne

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 29 mars 2018 à Tunis, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rendu publics les résultats de son étude sur la situation économique tunisienne. En effet, il s’agit de la toute première étude économique que l’OCDE réalise au profit d’un pays non membre, la Tunisie.
Intervenant pour présenter les grandes axes  et indicateurs sur lesquelles a porté cette étude, les constats ainsi que les recommandations, le Chef économiste de l’OCDE par intérim, Alvaro Pereira a précisé que son organisation qui considère la Tunisie comme étant un partenaire stratégique, a jugé nécessaire l’élaboration d’une étude économique en sa faveur pour la soutenir dans sa transition démocratique et l’aider  à surmonter les difficultés et donc  à booster son économie.
Alvaro Pereira, a jeté la lumière sur les indicateurs qui prouvent les grands pas réalisés par la Tunisie sur certains plans, tels que la Démocratie, l’amélioration de la qualité et du niveau de vie, la baisse du taux de pauvreté, la promotion des exportations, l’amélioration de l’image de la Tunisie auprès des investisseurs étrangers.


Par ailleurs, le représentant de l’OCDE, a passé en revue les freins de la croissance et de la relance économique en Tunisie, tels que l’augmentation des déficits des finances publiques, des taux d’inflation, du chômage, ainsi que la hausse de la masse salariale dans la fonction publique.
Le responsable de l’OCDE, a affirmé que des réformes doivent être envisagées en urgence pour remédier à la situation et pour relancer l’économie. Il a dans ce contexte indiqué que l’étude que l’ODCE a faite, recommande aux autorités tunisiennes d’envisager des réformes structurelles dans les différents secteurs pour accélérer la croissance, et ce, à travers la mise en œuvre de politiques sociales efficaces donnant la priorité à l’amélioration de l’environnement des affaires, la création d’emplois et le développement régional. « Des réformes urgentes s’imposent pour remédier à la situation actuelle et pour rendre l’économie plus efficace . Des mesures visant à améliorer l’environnement des affaires, et le développement régional sont une priorité. » a-t-il noté. Parmi les solutions clés proposées par cette étude, on note notamment, une meilleure gestion de la masse salariale dans la fonction publique, la réduction des obstacles à la concurrence et à l’entrepreneuriat, la simplification des procédures prévue par la nouvelle loi sur l’investissement- en référence aux processus administratifs et douaniers compliqués-, la modernisation des structures et institutions régionales pour mieux exploiter les opportunités d’investissements, l’augmentation des exportations, la facilitation des échanges extérieurs ainsi que la simplification de l’accès au financement.
La même étude a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer les systèmes de lutte contre  l’évasion fiscale et ceux ayant trait à la gouvernance des entreprises publiques.
« Il conviendrait également d’envisager un allègement de la pression fiscale sur l’emploi formel en transférant le financement de certaines prestations sociales sur la fiscalité générale. Des politiques visant à favoriser l’activité et l’emploi des femmes et à mieux orienter les jeunes vers des formations propices à l’emploi, devraient être mises en œuvre.« 
De son coté, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Zied Laâdhari, s’est félicité de cette étude qui traduit selon ses dires, un intérêt particulier porté par l’OCDE à la Tunisie, en tant que démocratie naissante en mesure de réussir là où d’autres pays ont échoué. Il a dans ce contexte évoqué une cohérence entre les points de vue, constats et recommandations de l’étude de l’OCDE et la vision de son département mais aussi de celle du gouvernement d’union nationale conduit par Youssef Chahed. Selon lui, l’Etat tunisien est aujourd’hui persuadé de l’urgence des réformes. « Nous savions tous que le coût des non-réformes est beaucoup plus élevé que les réformes elles-mêmes. Nous sommes parfaitement d’accord du fait que des réformes doivent être envisagées dans les plus brefs délais. Cela ne pourrait plus attendre. » a-t-il lancé.


Il a dans ce contexte passé en revue les différentes réformes engagées récemment par le gouvernement dans l’objectif de « libérer un certain nombre de secteurs économiques  en réduisant les restrictions auxquelles ils font face« .
« Nous avons également envisagé plusieurs réformes liées aux procédures administratives, telle que la mise en place de délais plus rigoureux pour répondre aux requêtes des investisseurs (60 jours). Le silence de l’administration est considéré comme étant une acceptation de la requête. Nous avons également décidé de faire en sorte de ne plus créer de nouvelles autorisations. Toutes ces mesures ont pour objectif de simplifier les procédures administratives en faveur des investisseurs. Nous avons aussi décidé la mise en place d’une instance supérieure de l’investissement. Nous nous penchons actuellement sur les moyens en mesure de digitaliser totalement le processus des investisseurs, pour permettre à ces derniers de créer leurs propres entreprises en ligne. Ces nouvelles mesures, ne pourraient représenter qu’un message fort à nos partenaires. » a-t-il ajouté.
Le ministre a par ailleurs noté que ces réformes ne doivent pas être envisagées avant d’entamer les concertations nécessaires avec les différents acteurs économiques et sociaux. « Mais il faut que ces réformes soient appliquées en urgence. Le pays a déjà réalisé des réformes sur le plan juridique en adoptant un nouveau code d’investissement, une nouvelle loi sur la concurrence, une nouvelle loi bancaire, une nouvelle loi sur la banque centrale etc. Ces réformes sont importantes mais il faut continuer cet effort pour libérer les énergies économiques. » a-t-il assuré. 

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