L’Ambassade d’Autriche en Tunisie a annoncé un événement musical Tuniso-viennois exceptionnel intitulé « EUROPAFRICA ». Ce concert intercontinental, prévu le samedi 3 février à 19h00 à l’Hôtel Hasdrubal Yasmine Hammamet, promet une fusion envoûtante réunissant 25 artistes tunisiens et autrichiens. Ce concert marque la quatrième session d’une série d’échanges artistiques et culturels comprenant des résidences artistiques, des formations, et des master classes.
S’inscrivant dans le cadre d’une convention culturelle internationale, cette initiative est le fruit d’une collaboration entre la Fondation Hasdrubal, dirigée par le violoncelliste français Laurent Jost, et l’Université Autrichienne de Musique et des Arts du Spectacle de Vienne (MDW) Avec le soutien de l’institut Français de Tunisie (IFT), l’Ambassade de France en Tunisie et l’Ambassade d’Autriche en Tunisie.
De l’inspiration à la concrétisation : une mélodie naît
L’origine de ce projet d’échange culturel, artistique et académique remonte à deux ans en arrière. Zied Zouari, musicien et éminent violoniste représentatif du violon arabe contemporain, ainsi qu’une figure de proue de la scène musicale actuelle et Docteur en Musique, nous fait part de cette initiative dans une déclaration à Réalités. Selon lui, le projet a pris forme suite à une rencontre avec le directeur musical de la fondation Laurent Jost, qui a été couronnée par une première collaboration fructueuse avec le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) sous la direction d’Émilie Delorme. Leur vision commune et les échanges passionnants qu’ils ont entretenus, ont permis de concrétiser l’idée de ce projet.
Les premières sessions d’échanges artistiques et culturels ont démarré en Janvier 2023, avec des résidences artistiques et des formations académiques d’une très grande qualité, encadrées par d’éminents experts tunisiens et européens dont Zied Zouari, le tout au fief de la Fondation, dans les locaux de l’Hôtel Hasdrubal à Hammamet. Le partenariat avec le CNSMDP, établi en septembre 2022, a été rendu possible grâce à la mise en place d’une alliance solide entre les deux entités, et au soutien de IFT.
Depuis lors, le projet a connu un succès remarquable avec la réalisation de trois sessions en 2023 couronnées de succès en janvier, mettant l’accent sur les instruments à cordes. En avril, une nouvelle dimension a été ajoutée avec une session dédiée aux cordes et percussions. En octobre, une harmonie vocale a été introduite avec une session consacrée aux cordes et voix. Ces sessions ont été le cadre de rencontres enrichissantes, réunissant plus de 80 étudiants tunisiens et européens, 600 écoliers, ainsi qu’une dizaine d’artistes de renommée internationale, dont le célèbre violoniste français Patrice Fontanarosa.
Patrice Fontanarosa
Une vision d’échange artistique différente
Ce projet d’échange artistique entre la Tunisie et l’Europe se distingue par la valorisation du savoir-faire tunisien sur le terrain de la musique orientale et de l’improvisation. Zouari a souligné une volonté commune à instaurer un véritable échange valorisant les cultures occidentales et orientales au même titre. Dans un esprit de partage et d’inclusion, l’artiste met en lumière la volonté à transcender la centralisation artistique et culturelle. Cela se réalise en invitant des étudiants de toutes les régions tunisiennes, créant ainsi une dynamique de « décentralisation artistique » qui aura un impact sur la scène artistique générale en Tunisie.
Les retours des participants étudiants Français et Tunisiens
Wadii Belguith, un des participants lauréat d’un prix présidentiel d’excellence en 2020 et actuellement étudiant en deuxième année de Master en recherche en musicologie et interprétation, a partagé en exclusivité avec Réalités sa riche expérience lors de la première session du projet. En tant que chef d’attaque du premier violon dans le concert des cordes, Belguith a souligné l’importance d’un échange artistique fructueux. Il a mis en avant les apprentissages techniques, sonores et stylistiques dans le domaine de la musique classique, tout en partageant ses expériences musicales orientales avec les étudiants français.
De l’autre côté, Eugenie Le Faure de l’Île-de-France, étudiante inscrite en troisième année licence au (CNSMDP), a décrit avec passion sa propre expérience lors de cette initiative unique. Elle a déclaré à Réalités:
« Les échanges artistiques sont très riches culturellement et humainement : le principe de l’échange de savoir permet de mettre tout le monde à égal. Il n’y a plus de principe de maître et d’apprenant, chacun apprend de ce que l’autre connaît de mieux ou de la particularité de sa culture et pratique artistique. Par exemple à travers les différentes sessions quand on travaillait sur du Bach j’expliquais les différentes symboliques des tonalités, le sens d’une justesse harmonique liée aux tonalités, puis lors des coachings de musique orientale j’étais émerveillée des différentes justesses des quarts de tons en fonction du pays et du maqâm. »
Le fossé
Malgré le fossé évident en termes de moyens et de niveau entre les étudiants français, et tunisiens, certains éléments tunisiens ont laissé une empreinte indéniable de leur talent exceptionnel. Cette disparité souligne les défis auxquels sont confrontées les universités africaines, y compris celles de Tunisie, par rapport à leurs homologues européennes. Les différences de financement, d’infrastructures et de ressources pédagogiques peuvent créer un déséquilibre dans les conditions d’apprentissage et le développement des compétences artistiques.
Cependant, malgré ces disparités, le projet a réussi à mettre en lumière le potentiel exceptionnel des talents tunisiens, démontrant que la passion et la créativité transcendent parfois les contraintes matérielles. Cela souligne également l’importance de soutenir et de promouvoir l’égalité des opportunités dans le domaine artistique, même au-delà des différences de moyens.
Exploration de Nouveaux Horizons
Le concert « EUROPAFRICA» marque le quatrième chapitre d’une série d’échanges et de résidences artistiques. Derrière ce concert se cache une histoire, une vision qui évolue et s’oriente vers de nouveaux horizons, débutant avec l’accueil d’étudiants français et s’étendant actuellement aux Autrichiens. Cette vision s’ouvre également à des coopérations anglophones, dépassant les frontières de l’Europe pour explorer des perspectives plus vastes.