Évaluations et suggestions de la Banque mondiale

Par Ridha Lahmar

Dans le cadre du thème général portant sur le faible taux de croissance dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui renforcent le recours aux réformes des structures économiques, la Banque mondiale (BM) a consacré une partie de son récent rapport à la Tunisie.

La BIRD s’est basée sur des résultats chiffrés pour analyser la situation de l’économie tunisienne et évaluer les défis à relever. Elle a émis également des prévisions pour l’avenir et suggéré des solutions globales à adopter pour redresser la situation sans indiquer les moyens précis susceptibles d’atteindre les objectifs.

Selon les experts de la Banque mondiale, le taux de croissance du PIB a baissé en 2013 pour se situer à 2,6% au lieu des 3% prévus. Les prévisions pour 2014 sont de 2,5%. Ce taux pourrait grimper à 3% s’il y avait une reprise rapide du processus de croissance dans les pays de l’Union européenne.

Compte tenu de l’évolution actuelle de la situation politique et socioéconomique en Tunisie, la croissance serait de 3,3% en 2015 et 3,6% en 2016.

La Banque mondiale constate que les investisseurs étrangers continuent à observer l’attitude attentiste qui a prévalu durant la période de transition qui dure depuis trois ans.

En effet, depuis 2008 les investissements directs étrangers (IDE) ont connu une régression de 35% passant de 1105 projets à réaliser en 2008 à 714 projets en 2012.

Le gouvernement tunisien a pratiqué une politique budgétaire expansionniste qui a engendré une augmentation de 7% des dépenses publiques qui sont passées de 17,8% en 2010 à 24,6% en 2013.

La Banque mondiale attire l’attention des autorités tunisiennes sur la croissance vertigineuse des salaires et frais de personnel dans la fonction publique ainsi que sur la flambée des montants consacrés à la caisse de compensation dont le total a été multiplié par 3 en 3 ans entre 2010 et 2013. Il faut reconnaître que les deux tiers sont réservés à la compensation de l’énergie et un tiers aux produits alimentaires.

C’est pourquoi la BIRD recommande expressément aux pouvoirs publics de rationaliser la consommation de l’énergie et d’adopter des mesures restrictives en matière de gestion budgétaire pour réduire le déficit du budget, soit 7%.

Les experts de la BIRD sont alarmés par l’évolution négative des réserves de change et suggèrent au gouvernement de prendre des mesures pour éviter l’impact découlant de la régression de l’activité touristique, de la baisse des transferts des travailleurs tunisiens résidant à l’étranger et des difficultés financières et économiques des marchés de l’Union européenne.

La Banque constate la poursuite des déficits que connaissent la balance commerciale et celle des paiements dont le montant est passé de 11 milliards de dinars en 2010 à 7 milliards de dinars en 2013.

Les tensions fortes et constantes constatées sur le marché des changes ont entraîné une chute inquiétante de la parité du dinar vis-à-vis de l’euro et du dollar, ce qui a engendré une hausse des importations de tous les produits et par conséquent une inflation importée. Cette baisse a atteint en 2013 10% par rapport à l’euro et 7,1% par rapport au dollar.

Le taux de chômage atteindra en 2014 16% selon les experts de la Banque mondiale. Or la baisse du chômage implique un taux de croissance du PIB de 4,5% par an au minimum de 2014 à 2020 outre la création de 50.000 emplois par an. Cela implique le rétablissement de la confiance et la promotion des investissements par le secteur privé.

L’institution financière internationale a constaté que les défaillances économiques et financières structurelles persistent et n’ont pas fait l’objet de réformes, ce qui constitue un obstacle à la croissance économique. En effet il y a urgence pour l’assainissement et la recapitalisation des banques publiques ainsi que le développement du marché financier qui sont des fondamentaux pour financer l’économie du pays et promouvoir les investissements initiés par les opérateurs économiques privés dans les régions.

La BM n’a pas évoqué la réforme fiscale alors qu’il s’agit d’une pièce maîtresse du dispositif nécessaire à mettre en place pour l’équilibre budgétaire et le financement du processus de développement.

Il consiste à réduire l’évasion fiscale qui se fait actuellement à travers le système forfaitaire et initier une approche de justice fiscale en faisant payer les citoyens en fonction de leurs revenus.

L’essentiel revient à trouver des ressources financières pour implanter des infrastructures de base dans les régions et réaliser de grands projets, travaux et équipements de base destinés à donner l’impulsion au développement des régions défavorisées. L’un des principaux défis auxquels doit faire face la Tunisie est de remédier à la persistance de profonds déséquilibres sociaux et économiques entre les régions, avec un taux de chômage élevé. Or, il s’agit là de la revendication principale de la Révolution qui n’a pas encore reçu même un début de réponse au bout de trois ans.

Il y a une solution à trouver pour résoudre le problème de la compensation afin de réduire les tensions qui s’exercent sur le budget et consacrer les fonds nécessaires pour le financement des équipements en matière éducative et de santé publique ainsi qu’aux infrastructures économiques.

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