Le débat sur les augmentations salariales s’annonce houleux. Chaque partie, UGTT contre le gouvernement et l’UTICA, campe sur ses positions. Contacté par Realités Online, Moez Joudi a livré sa vision d’économiste sur la question.
L’expert en économie a déclaré qu’il ne peut y avoir d’augmentation salariale tant qu’il n’y a pas de hausse de la productivité. « Celle-ci [hausse de la productivité] engendre la croissance économique. Or, cette croissance et molle et nous souffrons d’un manque de productivité en Tunisie, et en même temps, chaque année, on augmente les salaires. Un cercle vicieux a été créé, alimentant l’inflation et dévaluant le dinar tunisien », a-t-il précisé.
Moez Joudi estime que l’UGTT est en train de suivre une mauvaise démarche, soulignant que la réflexion de la centrale syndicale n’a pas assez de profondeur. « Elle oeuvre pour des intérêts partisans, sans prendre en compte l’intérêt national. L’UGTT, et les autres syndicats, doivent à présent raisonner en termes de pouvoir d’achat : prendre en compte le rapport entre les revenus des citoyens et le niveau des prix », a indiqué l’économiste. Et de poursuivre : « les hausses des salaires risquent de creuser le déficit de l’État qui s’est accumulé au fil du temps. On ne peut plus le combler avec l’endettement. Par conséquent, l’État se trouvera dans l’obligation de se tourner vers l’austérité et tout ce qui va avec, à savoir la hausse des impôts, ce qui, en fin de compte, retombera sur la tête des citoyens et affectera leur pouvoir d’achat. C’est la classe moyenne qui sera la plus affectée ».
D’autre part, l’économiste considère que l’État aurait dû, dès le départ, résister aux pressions des syndicats. Il a, par ailleurs, souligné que l’UGTT a tendance à mettre tous les sujets dans le même sac : lutte contre la corruption, évasion fiscale, contrebande et augmentation salariale.
« Il faut séparer les sujets. On considère que l’État, puisqu’il compte se lancer dans la bataille contre la corruption et l’économie parallèle, a les moyens financiers pour le faire. Ainsi, il peut financer les hausses des salaires, ce qui est faux », a-t-il déclaré, concluant, par la suite, que l’État doit défendre le pouvoir d’achat du citoyen.
Il n’y a pas de doute, les semaines à venir s’annoncent très chargées en événements. Ni l’UGTT, ni l’UTICA ne veulent céder du terrain. L’État va devoir trouver le juste équilibre pour satisfaire les uns et les autres. Seulement, en ces temps de crise, l’heure n’est plus aux compromis, mais aux décisions courageuses en faveur de la Tunisie.
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