Moez Joudi, expert économique et président de l’Association tunisienne de la gouvernance.
La dette publique de la Tunisie a atteint, en novembre 2017, 69,5% du PIB, contre 61,5% un an plus tôt. Le gouvernement d’union nationale, à travers la loi de finances 2018, a promis de la faire baisser. Mais va-t-il y parvenir ? « Non », pense Moez Joudi, expert en économie et président de l’association tunisienne de la gouvernance. Il considère, dans une déclaration accordée à Réalités Online ce mardi 2 janvier 2018, que la Tunisie est entrée dans une spirale. « Nous sommes devenus incapables d’assurer les ressources nécessaires au financement de l’inflation et des dépenses publiques. Par conséquent, les recettes de la croissance n’assurent plus les réserves nécessaires », a-t-il déclaré.
Moez Joudi a fustigé le manque de courage de l’Etat qui n’arrive pas à renégocier la partie dépense de son budget. « Dans les règles de l’art, les dépenses sont fixées en fonction des recettes. Or, c’est tout le contraire qui est fait aujourd’hui. Il n’y a pas de réformes, mais uniquement des réformettes ! De plus, il existe plusieurs bras de fer, notamment avec l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et certains partis politiques », a regretté Moez Joudi, qui a souligné que la situation est stagnante. Les dépenses de l’Etat, poursuit-il ne créent plus les revenus nécessaires à la compensation de ce qui a été dépensés. Dans ce cadre, L’Etat est obligé de recourir à l’endettement pour financer et son budget, et la dette internationale.
D’autre part, Moez Joudi a affirmé que la dette publique risque d’atteindre, dans les prochains mois, 70% du PIB de la Tunisie. Et pour principale cause : le déficit budgétaire. « Les lois de finances complémentaires ne sont conçues que pour noyer le poisson et pour combler le déficit de l’année. Initialement, une loi de finances prévoit un déficit atteignant les 7%. Or, sur l’année, celui-ci peut même atteindre les 10% », a-t-il déclaré.
Ce qu’il faut faire, selon l’expert, est de recouvrir par la dette, que ce soit à travers les marchés internationaux ou les locaux. Or, une grande partie de la dette, selon lui, est orientée vers la consommation.