Explosion de la violence et de la criminalité en Tunisie : les causes et les solutions

En l’espace de quelques jours seulement, la Tunisie a été secouée par deux crimes odieux qui ont ôté la vie aux jeunes Haïfa et Rahma (paix à leurs âmes), sauvagement assassinées par leurs bourreaux. Malheureusement, elles ne seront sans doute pas les dernières victimes de tels crimes. Qu’est-ce qui explique, sociologiquement, ce genre de comportements extrêmes ? Quels sont les moyens à déployer afin de traiter cette problématique ? Dans une déclaration accordée à Réalités Online, le sociologue Belaïd Ouled Abdallah a livré son analyse.

La nécessité de la proximité et de l’accompagnement

Il faut, selon l’expert, se pencher sur le problème en ayant recours à une analyse socio-psychologique. « Qui est l’individu ? Qu’est-ce qu’il est ? C’est un citoyen comme les autres, qui a des droits et des devoirs », a-t-il déclaré. Le sociologue a appelé la direction chargée des affaires criminelles à s’ouvrir aux sociologues, aux psychologues et aux sociologues afin de mieux étudier le comportement des délinquants. Dans cette même optique, la police doit adopter une approche de proximité, basé sur l’accompagnement psychologique et social de l’individu.

Les raisons de la « prédisposition » aux crimes

Plusieurs éléments peuvent expliquer la délinquance, à l’instar de la pauvreté, du chômage et de l’exclusion sociale. La récidive, poursuit le sociologue, existe aussi et elle caractérise le profil de plusieurs criminels. « Après le premier crime et la libération, le criminel est-il suivi sur les plans social et psychologique ? Ou alors est-il directement lâché dans la nature ? », s’est interrogé Belaïd Ouled Abdallah.
Les chômeurs doivent aussi faire l’objet de cet accompagnement. « L’auteure de l’attentat de l’avenue Habib Bourguiba du 29 octobre 2020 est originaire de la campagne du Sahal. La pauvreté n’épargne personne, y compris au Sahal contrairement aux idées reçues. Sousse est classée 13ème à l’échelle nationale sur le plan de la pauvreté. Mahdia, pour sa part, arrive 9ème. Ces conditions donnent naissance à des personnes ayant des prédispositions à la violence et à la criminalité. Il y a ceux qui s’en prennent au monde extérieur et ceux qui s’en prennent aux membres de leurs familles. Il est donc important de travailler sur le profil des individus. Les comprendre, c’est pouvoir agir au niveau de la prévention et de la prise en charge », a expliqué le sociologue, qui souligne que cela s’inscrit dans l’optique de l’analyse macrosociologie qui prend en compte la dimension sociale de l’individu.

Faire appel aux spécialistes pour comprendre le crime, y compris aux journalistes

Dans ce contexte, l’intervention doit se faire par le biais de la sensibilisation auprès, notamment, des jeunes. L’étude de leur comportement est également requise. « Un criminel peut avoir subi une agression quelconque dans le passé. D’où la nécessité de développer la proximité. Pour la sensibilisation, la société civile ne remplacera pas les pouvoirs publics car elle est principalement basée sur le volontariat. Or, nous avons besoin de compétences. Il faut impliquer les sociologues, les psychologues, les juristes et même les journalistes. Ces derniers doivent se spécialiser afin d’aborder les questions du crime et de la violence. Il est très facile de produire une émission sur ces concepts… », a encore déclaré Belaïd Ouled Abdallah.

F. K

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