Exportations de tomates : Le Maroc face aux plaintes des agriculteurs espagnols et français

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Les agriculteurs espagnols et français montent au créneau contre ce qu’ils qualifient d’ »invasion » de tomates marocaines sur les marchés européens. Une délégation de la Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs (COAG), l’une des plus grandes associations professionnelles agricoles d’Espagne, s’est récemment réunie avec des représentants de la Confédération paysanne de France pour élaborer des stratégies communes face à cette concurrence jugée déloyale.
Le Maroc, premier fournisseur de tomates en Europe
Depuis l’année dernière, le royaume chérifien a détrôné l’Espagne en devenant le premier fournisseur de tomates de l’Union européenne. Selon la COAG, cette montée en puissance est rendue possible grâce à l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’UE, qui permet au royaume d’exporter ses produits agricoles à des tarifs préférentiels. Cependant, l’organisation espagnole accuse le Maroc de dépasser les quotas autorisés.
Dans une plainte déposée en janvier 2023 auprès de la Cour des comptes espagnole, la COAG affirme que le Maroc a exporté 230 mille tonnes de tomates en excédent par an depuis 2019, dépassant ainsi les limites fixées par l’accord commercial. En conséquence, l’organisation réclame au royaume une compensation de 71,7 millions d’euros pour ces exportations excédentaires.
Une alliance franco-espagnole contre le Maroc
Lors de la Conférence internationale « Prix équitables pour les agriculteurs », qui s’est tenue cette semaine à Bruxelles, les représentants de la COAG et de la Confédération paysanne française ont exploré les voies juridiques pour contrer cette situation. Andrés Góngora, responsable des fruits et légumes à la COAG, a expliqué que deux options sont à l’étude : porter plainte devant les tribunaux nationaux en Espagne et en France, ou saisir directement la Cour de justice de l’Union européenne.
« Nous sommes en train d’analyser les meilleures stratégies pour mettre fin à cette concurrence déloyale », a déclaré Andrés Góngora. « Sur les conseils d’un cabinet d’avocats français, nous envisageons de saisir la Cour européenne pour demander des sanctions contre le Maroc. » Ce même cabinet avait déjà accompagné le Front Polisario dans une affaire concernant l’étiquetage des tomates produites au Sahara, qui avait conduit à l’annulation partielle de l’accord UE-Maroc en 2021.
Un enjeu qui dépasse le commerce
Pour les agriculteurs espagnols et français, cette bataille est avant tout une question de concurrence loyale et de préservation de leurs marchés. Cependant, pour le Maroc, les enjeux sont bien plus vastes. « Pour nous, il s’agit de commerce et de marché, mais pour le Maroc, c’est sa souveraineté sur un territoire qui est en jeu », a souligné Andrés Góngora.
Alors que les agriculteurs européens se mobilisent, le Maroc continue de défendre ses intérêts, arguant que ses exportations respectent les règles établies par l’accord de libre-échange. Cette confrontation, qui mêle enjeux économiques, politiques et juridiques, promet d’être longue et complexe.
En attendant, les tomates marocaines continuent d’alimenter les étals européens, tandis que les agriculteurs espagnols et français cherchent à protéger leurs propres productions. Une bataille qui illustre les tensions croissantes dans le secteur agricole européen, tiraillé entre ouverture commerciale et protectionnisme.

 

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