Expositions: Booster les AOC

Il existe une niche très riche de potentialités susceptible, si elle est exploitée de façon judicieuse, de booster de façon très significative à la fois notre agriculture et nos exportations. Il s’agit des produits d’appellation d’origine contrôlée.
En effet nos exportations agricoles manquent parfois de valeur ajoutée comme pour l’huile d’olive exportée en vrac pour 90% des quantités exportées (le conditionnement est passé de 2% à 10%) en dix ans alors que si elle était exportée totalement conditionnée, la recette en devises serait multipliée par deux ou trois.
Imaginez l’image de la Tunisie véhiculée sur les marchés extérieurs par Made in Tunisa : “huile de Sfax”, de la Zarzis ou du Sahel.
Cela implique évidemment une stratégie de filières ciblées au niveau de la promotion des cultures, du conditionnement, de la logistique mais aussi de la conquête des marchés extérieurs avec ce qu’elle comporte comme actions commerciales, de marketing et de communication.
Il est clair que des investissements conséquents doivent être consentis par les agriculteurs en matière de qualité et de productivité : modernisation des pratiques culturales, optimisation des exploitations,…
Multiplication des stations de conditionnement des fruits et légumes qui doivent faire preuve de traçabilité et répondre aux normes européennes pour être admises sur les marchés de l’Union européenne.
Respect sévère de l’application des normes de l’AOC, pour que les produits méritent le label, ce qui implique un contrôle rigoureux par des structures et institutions en charge : groupements de producteurs de fruits et légumes, services officiels des ministères de l’Agriculture et du Commerce.
Il faut dire que la réglementation existe mais elle a besoin d’être réactivée, dépoussiérée et remise au goût du jour : produits du terroir, avec redéfinition des périmètres de la culture, des types de sol et d’exposition de qualités gustatives précises avec définition des espèces et des variétés concernées, des aspects physiques,…
Il faut dire que notre patrimoine agroalimentaire et gustatif est très riche. Muscat de Rafraf, pommes de Sbiba et de Djerba, grenades de Gabès ou de Testour, piment de Bekalta, harissa de Nabeul, vin de Mornag ou de Carthage, tomate et cacahouète d’El Haouria, figue de barbarie de Thala, huile d’olive de Sfax ou du Sahel, figues de Kélibia, daurade de Chebba, dattes Ennour de Kebili, de Tozeur ou de Nafta, rouget de roche de Bizerte, maltaise sanguine de Bouzelfa, thomson d’Hammamet, clémentine de Béni Khalled,…
Il y a des synergies à cultiver en réalisant la coïncidence entre appellation d’origine contrôlée et produit biologique pour optimiser la valeur ajoutée et se positionner au top de la qualité et des prix sur les marchés extérieurs.
D’une façon générale, nous savons produire et “faire de la qualité” dans notre pays mais nous manquons de marketing et de savoir-faire en matière de mise en valeur du produit final.
Nous savons augmenter la production dans les exploitations privées mais nous ne savons pas gérer l’abondance.
La promotion des AOC est susceptible de créer beaucoup d’emplois à tous les maillons de la chaîne et de générer des recettes optimales en devises à condition qu’il y ait une stratégie claire avec des objectifs, un plan d’action rationnel, un suivi rigoureux et des instruments appropriés pour veiller à son exécution.

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