Malgré la crise sanitaire, la fureur guerrière est toujours d’actualité en Libye. En Tunisie, la situation est suivie de près compte tenu de la menace sécuritaire qu’elle présente. C’est dans cette optique que le président de la République, Kaïs Saïed, a présidé une réunion à Carthage ce jeudi 30 avril 2020. Elle a été consacrée à l’examen de la conjoncture difficile en Libye.
C’était l’occasion pour les autorités tunisiennes de réitérer leur rejet de toute forme de divisions dans le pays, ainsi que leur attachement à une solution politique libyenne sans ingérence, tout en reconnaissant le rôle de la communauté internationale. La situation sécuritaire en Libye, en fait, impacte la situation tunisienne et c’est d’ailleurs ce qu’ont rappelé les participants à la réunion de ce jeudi sous l’égide du Chef de l’État. A cet effet, la présidence de la République a annoncé la mise en place d’un groupe de travail chargé de suivre l’évolution de la situation libyenne et d’organiser les travaux en vue d’anticiper les cas d’urgence.
La crise libyenne, rappelons-le, a pris de nouvelles ampleurs alarmantes depuis la reprise des mouvements des troupes du Maréchal Haftar. Ce dernier, dans son dernier discours, s’était auto-proclamé chef de la Libye sur la télévision Libya Al-Hadadh, affirmant « qu’il a accepté le mandat du peuple libyen lui permettant d’assumer sa mission historique de mettre un terme à l’accord politique de Skhirat ».
La position tunisienne vis-à-vis de cette crise est compréhensible. La diplomatie tunisienne, en dehors du Dossier Palestinien, a toujours prôné pour la neutralité et pour la non ingérence dans les affaires des pays. C’est louable. Cependant, étant un voisin direct de la Libye et compte tenu des agissements imprévisibles du Maréchal Haftar constatés depuis plusieurs mois, il serait temps d’afficher, enfin, un certaine « fermeté constructive » et d’appeler le Maréchal Haftar à cesser sa folie des grandeurs et à atténuer sa volonté de puissance.