Face au COVID-19, le gouvernement joue à cache-cache alors que nous sommes en guerre

Une fois encore, le gouvernement nous a encore ébahis avec un communiqué publié à la hâte sur la situation sanitaire ce dimanche 6 décembre 2020. Comme nous l’avons vu, plusieurs mesures ont été prises en vue de freiner la propagation du nouveau coronavirus (SARS-CoV-2, responsable du COVID-19), à l’instar du couvre-feu. Une fois encore, le gouvernement confirme sa politique de fuite par le biais d’une politique des communiqués bureaucratiques.
Non seulement la publication du ministère de la Santé présentait une énorme bourde sur la date du couvre-feu – dont nous avons parlée dans cet article –, mais elle nous pousse à nous poser pas mal de questions. Il faut souligner, tout d’abord, que notre objectif n’est aucunement de dévaloriser le long et lourd travail de titan mené par nos compétences scientifiques et par la commission nationale de lutte contre la pandémie. C’est grâce à ces compétences que nous arrivons encore à tenir. Notre approche est plutôt politique.

Le ministère de la Santé habilité à annoncer un couvre-feu ?

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement se cache derrière un communiqué pour annoncer des mesures aussi importantes. On se souvient encore du magnifique cadeau du Mouled, largué à 2h du main en octobre dernier. Le Chef du gouvernement aurait dû, et nous ne le répéterons jamais assez, endosser son costume de capitaine de la Kasbah et s’adresser aux Tunisiens histoire de les rassurer et, surtout, de leur montrer qu’il existe un pilote dans l’avion.
Il existe un autre point et il est essentiel : le couvre-feu est, d’ordinaire, décrété par le gouvernement ou la présidence de la République à l’issue d’un Conseil de Sécurité Nationale. Pourquoi avoir choisi d’annoncer sa prolongation via un communiqué du ministère de la Santé ? Autrement dit, il ne serait pas exagéré d’affirmer que le présent communiqué n’a aucune valeur sur le terrain étant donné qu’il ne provient pas des autorités compétentes et habilitées à faire ce genre d’annonces.
Cela montre à quel point les autorités publiques semblent dépassées par les événements, non seulement sur plan sanitaire mais aussi sur le plan social et politique. C’est toujours une politique sans lendemain qui est appliquée. C’est valable, notamment, pour la tragédie de l’hôpital régional de Jendouba qui a coûté la vie au jeune médecine Badereddine Aloui (paix à son âme).
Le Tunisien, dans ce contexte difficile, a le droit de comprendre le bienfondé des décisions annoncées qui, malheureusement, ont une fois encore été larguées en guise, cette fois-ci, d’un petit présent pour bien démarrer la semaine. Ces mots, ces constats et ces critiques, nous les avons formulé(e)s à maintes reprises au fil des mois. Nous voilà en train de les reformuler : c’est la preuve que très peu de choses ont changé.

Fakhri Khlissa

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