Face aux dérives numériques, quelle éthique pour les journalistes ?

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Dans un contexte marqué par une montée en puissance des défis numériques, la désinformation galopante et l’effacement progressif des frontières entre journalisme et influence, la Commission des libertés de la Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a organisé, lundi 16 juin 2025, une conférence-débat intitulée « Quel rôle pour le/la journaliste dans l’éthique de l’espace numérique ? »

Le président du SNJT, Zied Dabbar, , a ouvert la séance en insistant sur la nécessité de repenser le rôle du journaliste à l’heure où l’espace numérique et digital est saturé d’informations non vérifiées et de pratiques contraires à l’éthique journalistique professionnelle.

Il a déclaré que « Le défi aujourd’hui ne se limite plus à défendre la liberté d’expression, il faut une conscience professionnelle et éthique accrue pour contrer les campagnes de désinformation »

Il a également critiqué le recours aux décrets répressifs, citant notamment le décret 54, qu’il considère comme une menace pour la liberté de la presse :

Journalisme, contenu et réseaux : entre confusion et exigence

La conférence s’est articulée autour de quatre grands axes.

Premièrement la déontologie et la confiance : Monji Marouki, président du Conseil de la presse, a insisté sur l’importance de respecter les règles déontologiques pour regagner la confiance du public. Selon lui, seule une stricte adhésion aux principes journalistiques peut « assainir l’espace numérique ».

Le deuxième axe traite le positionnement des journalistes face aux réseaux sociaux : L’universitaire Hamida El Bour a proposé une lecture critique du comportement des journalistes en ligne. Elle a pointé le glissement fréquent vers l’expression personnelle et les prises de position subjectives, souvent au détriment de la rigueur professionnelle.

Dans le troisième axe, Thameur Mekki, journaliste et fondateur de la plateforme « Rachma », a mis en lumière la dilution des rôles dans le paysage numérique et la confusion des genres entre journaliste, influenceur et créateur de contenu.

« Le terme de “médiateur” est aujourd’hui utilisé à tort et à travers, souvent pour désigner toute personne qui gravite autour des médias, sans qu’on sache s’il s’agit d’un journaliste, d’un universitaire ou d’un simple influenceur ».

Il a également critiqué la domination du « trend » sur le contenu, rappelant que le défi n’est pas seulement de publier, mais de produire un contenu pertinent et responsable.

Dans une intervention finale, le juriste Aymen Zaghdoudi, a mis en lumière le décalage entre le droit tunisien et la réalité numérique. « Des lois dépassées face à un monde numérique en mouvement »
Il a plaidé pour des réformes juridiques équilibrées, capables de protéger les journalistes tout en encadrant le contenu publié.

Cette conférence a mis en lumière la nécessité urgente d’une réflexion collective sur l’avenir du journalisme dans un monde numérique en constante évolution. Si la technologie a bouleversé les modes de production et de diffusion de l’information, l’éthique, elle, reste un repère fondamental, que les professionnels doivent s’efforcer de réaffirmer.

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