« J’ai la conscience tranquille », il s’agit de l’une des expressions à retenir de l’intervention de Fadhel Abdelkefi, désormais ministre démissionnaire, dans Midi Show de ce vendredi 18 août 2017. Comme annoncé précédemment, le ministre a présenté sa démission du ministère du Développement et de l’intérim des Finances le matin de ce même vendredi.
« Je ne me suis pas promené avec un sac rempli d’argent au niveau des frontières et la douane ne m’a pas arrêté pour cela », martèle-t-il en revenant sur l’affaire de Tunisie Valeurs, affirmant que le communiqué publié par la société le week-end dernier est « clair ». Sur sa démission du gouvernement d’union nationale, l’ancien ministre réitère qu’il a une responsabilité à assumer. « Hors de question de mettre l’État dans un conflit d’intérêts. Je souhaite me présenter devant la justice en tant que citoyen tunisien, et j’ai confiance en la justice », assure-t-il.
Ministère des Finances : un portefeuille qui demande courage et patience
Fadhel Abdelkefi considère que c’est sur Facebook que le sujet a été évoqué pour la première fois, et non pas par la direction générale de la Douane. « Des journalistes ont repris l’information par la suite. L’affaire existe, certes, mais on ne peut se permettre de parler de sacs remplis d’argent ! L’information doit toujours être vérifiée. C’était une véritable pression », soutient le ministre démissionnaire.
Peut-on s’attendre à un éventuel retour au sein du gouvernement d’union nationale si l’innocence est prouvée ? Réagissant à cette question, Fadhel Abdelkefi affirme que tout dépend du Chef du gouvernement, avec qui il entretient des relations d’amitié, même si, selon lui, la question est prématurée. « Je soutiens le gouvernement d’union nationale, y compris en tant que citoyen. Le prochain ministre des finances devra s’armer de courage et de patience, car la gestion d’un tel portefeuille est difficile dans le contexte actuel. J’ai été patient et nous avons eu le courage de dire les choses telles qu’elles sont. Le gouvernement actuel est motivé, et c’est cette motivation qui lui a permis d’avancer », explique-t-il encore.
Le gouvernement est sur la bonne voie
Revenant, justement, sur la conjoncture économique, Fadhel Abdelkefi souligne une fois encore la gravité de la situation, notamment en ce qui concerne les finances publiques. « Le budget de l’État a été revu à la hausse à plusieurs reprises depuis 2011. Pour 2018, on prévoit un budget de 31 millions de dinars, alors que les recettes devraient s’élever à 25 millions de dinars. Il y a donc nécessité d’emprunter », déclare le ministre démissionnaire.
Des réformes douloureuses seront nécessaires pour pouvoir rétablir l’équilibre financier et économique. Ces réformes, selon Fadhel Abdelkefi, devraient notamment porter sur les caisses sociales, aujourd’hui en proie à un déficit sans précédent. Il existe trois chemins à emprunter selon le ministre démissionnaire : l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite, l’augmentation des cotisations sociales ou la baisse des prestations sociales.
« L’autre poids sur le budget est la compensation. Je considère que certains en profitent alors qu’ils ne devraient pas, comme vous et moi », affirme Fadhel Abdelkefi, qui insiste, également, sur la révision du business model de la Tunisie. La privatisation constitue une piste aussi, rappelle-t-il, refusant d’approfondir le sujet par obligation de réserve.
Interpellé, par ailleurs, sur les relations avec l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Fadhel Abdelkefi déclare que le secrétaire général Noureddine Taboubi réalise la gravité de la situation. « Le gouvernement est sur la bonne voie. Il a réussi à employer une bonne partie du budget 2017 pour réaliser des projets. L’UGTT, pour sa part, doit comprendre que la conjoncture est délicate. Quant à ceux qui complotent, ces derniers ne parviendront pas à leurs fins », conclut le ministre démissionnaire.