Fadhel Ben Omrane : « Rajhi a raté une occasion pour se taire »

La déclaration de la ministre des finances, Lamia Zribi, à propos de la dévaluation du dinar, a suscité une vive polémique. Experts, politiques et patrons sont montés au front pour exprimer chacun à sa manière, les raisons de ses craintes de l’impact de la dépréciation continue du dinar qui, il faut le dire, atteint des records historiques sur la place financière de Tunis, où il continue de plonger face notamment à l’euro qui passe à 2.5800 dt pour s’échanger même à 2.600 dt et au dollar américain qui s’échange à 2.4150 dt .
Pour le député de Nidaa Tounes, Fadhel Ben Omrane, la situation est plus que désolante.
Dans une déclaration à Réalités Online, il regrette que  » encore une fois, on remarque l’absence flagrante de tout sens de la responsabilité au sein de l’équipe gouvernementale alimentée par un manque de professionnalisme et de compétence de certains conseillers du chef du gouvernement. Et c’est là où le bât blesse pour Youssef Chahed, amené à jouer le rôle de pompier« .
Le député considère que les récentes déclarations de Taoufik Rajhi, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, par exemple, « n’en sont que la parfaite illustration et l’exemple concret« .

« En effet, selon le député, Rajhi, prenant à contre pied la déclaration de la ministre des finances, il soutient qu’elle « risque d’être une prophétie auto-réalisatrice » et que « la crise du Baht en 1998 (en Thailande et dans les pays asiatiques) avait surgi suite à des déclarations réalisatrices… » il a ajouté que « les gens ne saisissent pas l’importance des mauvaises annonces sur le marché et les anticipations des agents économiques! »

Fadhel Ben Omrane répond pour préciser que « Il faut rappeler au conseiller du chef du Gouvernement que nous ne sommes pas dans le même cas que les pays asiatiques où le marché de change en 1998 était totalement libre et était sujet à des grandes spéculations. Je dois préciser encore que ce qu’il qualifie de prophétie  auto-réalisatrice n’a pas lieu en Tunisie car notre marché de change n’est pas flottant et ne pas sujet à des grandes spéculations. »
Il faut dire que le dinar tunisien n’est convertible que pour les opérations courantes et que le compte capital est encore contrôlé pour plusieurs opérations. « La comparaison avec les pays asiatiques est donc inappropriée et tendancieuses« , selon le député qui exprime ses regrets que « Tawfik Rajhi se permet d’avancer des allégations superficielles et approximatives en avançant que « dire aujourd’hui que la valeur de la monnaie nationale devrait être aux alentours de 3 dinars pour un euro, pouvait générer…des anticipations auto-réalisatrices… »

Ceci s’explique, selon FAdhel Ben Omrane, par le fait que les propos de la ministre tels que présentés par ledit conseiller, « ne sont qu’ une interprétation infondée et orientée« .  Et le député d’ajouter qu’il « invite monsieur Rajhi d’écouter personnellement et soigneusement la déclaration de la ministre avant de la commenter« , pour éviter toute confusion.
Dans sa déclaration, faut-il le rappeler, Lamia Zribi a soutenu que « même si certains experts dans le passé soutenaient que la valeur réelle de dinar pouvait atteindre 3 dinars pour 1 euro, le rétablissement de la situation économique actuelle enregistré dans les secteurs du phosphate et du tourisme n’aurait été que bénéfique pour le dinar dans la mesure où comme elle l’a bien dit, la monnaie est le reflet de la situation économique…« .
 » C’est ce qu’on nous a appris sur les bancs de l’université« , rétorque le député qui conclut  en disant, « je crois donc que ce qu’il faut retenir de la déclaration de la ministre est qu’elle a voulu, à sa manière, attirer l’attention sur la gravité du solde de la balance commerciale qui a accusé un déficit alarmant et très élevé et qui menace réellement la valeur de dinar si on arrive pas à trouver les recettes en devise en capital et notamment par les investissements extérieurs.
La réaction du Chef du Gouvernement et les récentes mesures prises pour limiter certaines importations anarchiques donnent du crédit à la déclaration de la ministre« .
Les bruits qu’on fait courir ici et là sur une éventuelle perturbation du marché n’ont pas de raison d’être car le marché de change reste encadré par la banque centrale.
« C’est pour cette raison que je pense que Rajhi a raté une occasion pour se taire. au bout du compte, et sans entrer dans les détails des visés et des intentions cachés de la déclaration du conseiller et celle d’autres personnes, notamment le nouveau venu à Nida Tounes Mohssen Hassan, il est temps pour le Chef du Gouvernement de mettre de l’ordre dans son équipe de conseillers.  Il y va de la crédibilité du Gouvernement d’union nationale et de l’autorité de l’Etat ».
« Un minimum de cohésion entre les ministres et les conseillers est nécessaire pour faire face à la situation critique et aux problèmes économiques et sociaux que connait la Tunisie« .

 

 

 

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