Fakhfakh : des interrogations en attendant…

Dès la désignation d’Elyès Fakhfakh par le président Kaïs Saïed pour former le prochain gouvernement, les interrogations ont fusé sur les raisons ayant mené à ce choix.
Après le rejet du gouvernement d’Habib Jemli, candidat d’Ennahdha, c’était au chef de l’Etat de prendre la relève et de désigner « la personnalité la plus apte à former le gouvernement ». Ce qui fut fait dans les règles de l’art et dans le respect strict de la constitution. Kaïs Saïed a consulté tous les partis représentés à l’ARP exigeant qu’ils lui présentent leurs propositions par écrit et argumentées dans un délai de trois jours. Plusieurs noms lui avaient été proposés.
Saïed avait, par ailleurs, toutes les cartes en main et pouvait désigner la personne de son choix car rien dans la Constitution ne l’obligeait à désigner un candidat parmi ceux présentés par les partis politiques.
Le texte fondamental  stipule que le président de la République doit se concerter avec les partis – ce qui fut fait par le truchement des propositions écrites –  mais ne précise pas s’il doit choisir un candidat parmi ceux qu’ils ont présentés. Seule contrainte dans l’état actuel des choses est que, quel que soit le candidat, il doit bénéficier d’une double confiance, celle du président et celle du parlement.
Le hic, c’est que le candidat désigné par Saïed, Elyes Fakhfakh, n’a été proposé que par Tahya Tounes et seul Attayar n’a émis aucune réserve. Ce qui fait qu’il n’était crédité que de 36 députés sur les 217 à l’assemblée.  Il n’était, à priori, pas assuré d’obtenir la confiance de l’ARP. Cela ne durera pas longtemps, les déclarations d’intention de soutien ont fusé de partout, à quelques exceptions près.
Grâce à Elyès Fakhfakh, Ettakatol qui ne compte aucun élu depuis 2014 à l’ARP, est désormais, le parti au pouvoir. Une autre exception tunisienne.
Et cette situation n’est pas sans susciter de multiples interrogations notamment sur les visées  du président de la république et les véritables raisons ayant conduit à ce choix.  Le risque d’un nouveau revers à l’assemblée n’est pas à écarter et il faut espérer que le coup du président est bien calculé. Dans ce cas que prévoit la constitution.
Elle stipule qu’en cas d’échec, le président peut dissoudre le parlement. Ceci  n’est pas automatique. En outre, la constitution ne prévoit aucune autre mesure à prendre. On peut même penser que le président de la république peut garder le statu quo et laisser la situation actuelle perdurer sans recourir au vote de l’Assemblée. Ce qui est en réalité loin d’être la solution idéale. Mais cela reste possible.
Pour l’heure, le nouveau chef de gouvernement désigné peut se prévaloir d’une expérience politique en tant que dirigeant à Ettakatol et gouvernementale en tant qu’ancien ministre du tourisme et des finances. Autre point qui joue en sa faveur, son âge, il n’a que 47 ans.
Sa première déclaration n’était pas exempte d’engagements avec en tête celui de travailler, ainsi que son gouvernement, en étroite collaboration avec la présidence de la république. Ce qui laisse penser qu’il n’y aura pas de tension entre Carthage et la Kasbah. Les deux têtes de l’exécutif seront en harmonie. Il confirmera cela en déclarant qu’il refuse d’entrer dans des tiraillements politiques et qu’il veillera à faire face aux priorités sociales et économiques. Une manière de s’inscrire dans la démarche présidentielle.
Son engagement dans ce sens est clair : « Je veillerai à composer un gouvernement qui sera à la hauteur de la confiance du chef de l’Etat mais aussi à la hauteur de ce moment historique et des attentes des Tunisiens. Je veillerai à ce que le gouvernement soit en harmonie avec les aspirations des Tunisiens, exprimées lors des dernières élections ».
Elyès Fakhfakh soulignera encore qu’il est là pour mettre en place « des institutions justes, honnêtes et solides » en réponse à la volonté exprimée par le peuple pour un changement structurel des politiques publiques. Là étaient ses premiers engagements qu’il compte respecter en composant un « gouvernement restreint, harmonieux et sérieux et qui alliera la compétence, la volonté politique et le respect des fondamentaux nationaux et des objectifs de la révolution ».
Le compte à rebours a commencé mardi 21 janvier, les premières consultations ont démarré en attendant l’examen de passage à l’ARP. Pour gagner du temps Fakhfakh devrait peut-être s’inspirer de la méthodologie de Saïed et demander aux partis de faire des propositions écrites. On en saura davantage dans les jours qui viennent.

F.B

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