Revenant sur les soupçons de conflit d’intérêts le visant, le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh a précisé qu’il aurait dû apporter certains éclaircissements sur l’affaire bien que, d’un point de vue légal, les délais n’ont pas été dépassés.
Dans une interview accordée à Express FM en ce jeudi 23 juillet 2020, Fakhfakh a souligné que ces explications auraient pu couper court au « cinéma » d’Ennahdha qui a induit l’opinion publique en erreur.
Dans ce sens, le chef du gouvernement de gestion des affaires courantes a relevé que le parti islamiste a œuvré à ce que ce conflit d’intérêts -qui n’est même pas une accusation selon ses dires- se transforme en corruption.
Et d’assurer que la Commission d’enquête sur cette affaire, présidée par Qalb Tounes, était extrêmement politisée et que son verdict a été rendu suite à son intervention lors de la séance plénière tenue le 25 juin 2020 et dédiée à l’évaluation des cent premiers jours du gouvernement, donc bien avant l’instauration de la Commission.
Rappelons que le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a publié, le 17 juillet courant, le rapport préliminaire concernant l’affaire de conflit d’intérêts visant le chef du gouvernement démissionnaire, Elyes Fakhfakh.
Un rapport rendant publiques les conclusions quant aux marchés conclus entre l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged) et la société Valis où Elyes Fakhfakh détient des actions.
A la suite de cette publication, plusieurs parties dont le secrétaire général du Mouvement Echaâb, Zouhair Maghzaoui, le dirigeant d’Ennahdha, Samir Dilou ainsi qu’Attayar ont appelé le chef du gouvernement sortant, Elyes Fakhfakh à déléguer ses pouvoirs à l’un de ses ministres.
Lors de cet entretien sur Express FM, Elyes Fakfakh a, par ailleurs, affirmé qu’Ennahdha, responsable de la déstabilisation du pays en rapport avec ces soupçons de conflit d’intérêts, finira par regretter ses agissements puisqu’il a commis un crime contre la Tunisie, selon ses dires.
« Toutes les négociations qui allaient bon train ont été suspendues. Pareil pour toutes les réformes que le gouvernement commençait à mettre en place. Ceci est la première fois qu’un parti politique faisant partie d’un gouvernement appelle à son éviction. Pour ma part, je m’attendais à ce qu’Ennahdha retire ses ministres de ce gouvernement qu’il rejette. J’espère que l’on réussira bientôt à constituer un gouvernement bien que je craigne que les compétences tunisiennes n’acceptent pas adhérer au prochain gouvernement au vu de cette agitation » a déploré Elyes Fakhfakh.
Et de relever des complots visant la Tunisie que ce soit de l’intérieur du pays ou de l’étranger. De ce fait, Elyes Fakhfakh a indiqué qu’il existe certaines parties qui ne souhaitent pas perdre leur pouvoir et leur statut à l’intérieur du pays aussi bien que d’autres parties étrangères qui sont mécontentes du processus démocratique que la Tunisie a réussi à instaurer jusqu’à présent.
Elyes Fakhfakh avait remis sa démission à la suite de la réunion tenue, le 15 juillet courant, entre le chef de l’Etat Kaïs Saïed, le chef d’Ennahdha et président du Parlement, Rached Ghannouchi ainsi que le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi.
Signalons aussi que cette démission a précédé, selon Saïed, le dépôt de la motion de retrait de confiance à Fakhfakh, le même jour, au bureau de l’Assemblée et qui contient 105 signatures.
Des signatures appartenant essentiellement aux députés d’Ennahdha, de Qalb Tounes, de la Coalition Al Karama, d’Al Mostakbal ainsi que de quelques élus indépendants dont l’ex-élu Tahya Tounes et ancien ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Mabrouk Korchid.
A la suite de sa démission, Elyes Fakhfakh avait limogé des ministres nahdhaouis dont Abdellatif Mekki, Lotfi Zitoun et Anouar Maârouf.
Il est à noter que le dernier délai pour que les présidents des partis politiques, des coalitions et des blocs parlementaires présentent leurs candidats à la présidence du gouvernement au chef de l’Etat, Kaïs Saïed, est fixé à ce jeudi 23 juillet.
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