Alors que le pays est à la peine et en plein désarroi, que le chaos frappe à l’aveugle et que les «rires» affreux des prédateurs politiques couvrent de plus en plus les appels à la raison, plusieurs opposants de Kaïs Saïd se révèlent d’excellents spécialistes dans la fabrication des ennemis de la nation. Ils inventent alors des approches politiques qui nuisent à leur cause. C’est de cette façon aussi qu’apparaissent les sceptiques, les opportunistes, les idiots utiles et tous ceux qui rêvent de monter un jour sur le trône du pouvoir. Cela crée de l’»ivresse» dans un terrain d’intoxications idéologiques et religieuses meurtrières, favorable à l’exécution de leur «danse» et de leurs pirouettes ! Voilà donc l’une des caractéristiques les plus affligeantes de ces politicards, le fait que, pour réclamer, par pensée magique, des solutions simplistes aux grands problèmes et offrir à l’opinion des réponses dangereuses et absurdes, rien ne vaille leur enrobage dans une hostilité politique vengeresse et mesquine. Quelle idiotie de réduire l’opposition politique à une indignation hystérique et une réjouissance des difficultés de la population ! Depuis lors, la liste de leurs impostures, de leurs bévues et de leurs échecs n’a cessé de s’allonger. Ils peuvent se vanter d’une prouesse : avoir réussi à créer l’unité des Tunisiens contre eux, même si le pouvoir en place, longtemps soutenu par une majorité de l’opinion publique, a offert, dernièrement, le spectacle d’un système sombrant profondément dans le délire le plus dramatique. Derrière cette opposition taraudée par la gesticulation musclée, la haine, la cruauté et la multiplication des conflits internes, se profile une crise profonde de l’»élite» politique dans le pays. Le dramatique analphabétisme politique de ces opposants fait peser une menace dangereuse sur le pays et sa souveraineté. En essayant souvent de comprendre leur transformation en défenseurs acharnés de l’obscurantisme islamiste et de la prédation des mafieux, j’ai trouvé qu’au service de leurs convictions, ils ont une seule méthode, le démago-dégagisme : le pouvoir est un «ennemi», pas un adversaire. Il incarne à la fois le mal et le faux, face au «bien» et au «vrai». Dans cet univers, défendre le pays, gouverné par cet «ennemi», est une trahison. Aider à trouver des solutions, c’est pactiser avec lui ! C’est le degré zéro de la politique : pas de style, pas de communication, pas de psychologie sociale, pas d’expérience, pas de crédibilité. Cette maladresse chronique est d’autant plus regrettable qu’elle introduit du trouble dans une période où le rôle d’une opposition est, plus que jamais, d’apporter de la clarté, de la mesure et de la profondeur. La crise insidieuse et infiniment profonde dans laquelle nous sommes entrés, accroît la responsabilité de toutes les composantes de la classe politique. Encore faut-il que chacun ait désormais pleinement conscience des enjeux, et s’attelle à trouver des remèdes. Nombreux sont ceux qui aimeraient ne nous donner à écouter que des discours déroulés, où la langue de bois, allant de soi, y retourne aussitôt, comme celle du caméléon qui ne sort que pour faire mouche. En voulant discréditer le pouvoir à l’intérieur et surtout à l’extérieur, l’opposition n’a fait que se discréditer elle-même. Elle est aujourd’hui désignée comme «l’ennemi du peuple». Ce climat d’hostilité croissante pousse au durcissement, pas à la conciliation. Et rien n’est pire que le durcissement qui se poursuit sur tous les fronts. Si certains opposants continuent d’être animés d’une fatuité très vive, pour la grande masse de la population, il s’agit davantage de résignation. On patiente. Mais on n’accepte plus longtemps cette situation désastreuse.