La Bourse de Tunis a connu une baisse sensible de ses principaux indicateurs depuis le 14 janvier 2011 suite aux perturbations politiques et sociales et aux évènements sécuritaires.
Cependant en 2013 il a été constaté un afflux des entreprises pour se faire coter à la Bourse, tendance durable qui se maintient en 2014. Avec l’événement du gouvernement de Mehdi Jomâa, la Bourse a amorcé une tendance à la hausse qui confirme la sensibilité de la Bourse au climat politique et au sentiment de confiance chez les opérateurs économiques.
Alors que l’indice de référence de la Bourse, le TUNINDEX, a connu une croissance de 48% et de 19% respectivement en 2009 et 2010, le même indice a perdu en 2011, 2012 et 2013 7,68%, 3% et 4,30% respectivement. Soit 14% au total en trois ans.
La baisse des cours a atteint presque toutes les valeurs cotées à la Bourse, indépendamment des performances des entreprises qui dans l’ensemble se portent bien malgré les dommages subis par certaines enseignes au lendemain du 14 janvier 2011 comme les banques ou les chaînes de grandes surfaces.
La moyenne quotidienne des capitaux traités était de 10,7 millions de dinars en 2010, elle est passée à 6,8 millions de dinars en 2011, 8,3 millions de dinars en 2012 et 6,2 millions de dinars en 2013.
Il faut dire que les capitaux traités au cours des années ont subi un fléchissement sensible, passant de 2.702 millions de dinars en 2010 à 1.555 millions de dinars en 2011 et 1.534 millions de dinars en 2013.
Le sursaut de 2012 avec 2.078 millions de dinars de capitaux traités n’a pas résisté aux évènements sécuritaires qui ont secoué le pays en 2013.
La Bourse prend le relais des banques
Les entreprises économiques qui affluent à la Bourse cherchent à mobiliser des capitaux pour financer leurs projets d’investissement. Or les banques tunisiennes, notamment les banques publiques, ont des problèmes de liquidités et ont des réticences à accorder des crédits moyen et long termes. C’est pourquoi les entreprises sont contraintes de recourir à la Bourse pour assurer leur croissance.
Douze introductions en Bourse en 2013
Les plus importantes introductions en Bourse en termes de capitaux mobilisés ont été celles de ONE TECH avec 82 millions de Dinars, de SAH (Lilas) avec 130 MD, les capitalisations respectives ont été de 348 MD et de 271 MD. Viennent ensuite City cars, opération de privatisation réussie à travers la Bourse avec 44 MD de capitaux mobilisés et 148 MD de capitalisation. Les autres introductions ont porté sur BEST Lease : 21 MD, Syphax Airlines 25 MD, Euro-cycles avec 18 MD, New Body line avec 13 MD et MPBS avec 12 MD, Sotemail avec 8 MD et ae Tech avec 4 MD. C’est ainsi que le nombre de valeurs cotées est passé de 56 en 2010 à 68 en 2013.
Mobilisation remarquable de capitaux en 2013
Il y a lieu de constater qu’il y a une forte demande de la part des investisseurs en matière de produits boursiers que ce soit des actions, des obligations ou des bons du Trésor. En effet, la Bourse a assumé pleinement son rôle de mécanisme de financement de l’économie, complétant ainsi et de plus en plus celui des banques.
C’est ainsi que près de 2 milliards de dinars ont été mobilisés en 2013 pour répondre à la demande à travers la Bourse. 450 MD ont été investis dans le cadre des augmentations de capital des entreprises. 300 MD ont été mobilisés dans le cadre des emprunts obligataires au profit des banques et des sociétés de leasing, 1 milliard de dinars a servi à financer le budget de l’État sous forme de bons du Trésor assimilables.
Les valeurs introduites en 2013 se rapportent à plusieurs secteurs d’activité : agroalimentaire, textile, télécom et hautes technologies, leasing, matériaux de construction, concession-auto.
Une vague d’introductions en 2014
Il est prévu d’introduire plusieurs nouvelles valeurs sur la cote boursière en 2014 dont celle de Celccom (High Tech) pour une levée de capitaux de 12 MD SOTUPAIER (emballage) avec 48 MD, Tawassol (infrastructure télécom) pour 20 MD et MSF (emballage plastique) pour 7 MD. Deux autres dossiers sont en cours d’instruction en vue de leur admission à la Bourse pour une levée de capitaux de 19 MD. Il faudrait s’attendre courant 2014 à l’introduction de Délice Danone pour une levée de capitaux exceptionnelle estimée à environ 300 MD.
La cible : promotion des PME
Avec le développement du marché alternatif, la Bourse cherche à promouvoir le tissu entrepreneurial des PME qui recèle des potentialités réelles de croissance et de développement, mais souffre d’insuffisances de financement et de structures financières déséquilibrées. En effet les PME font preuve de dynamisme et de flexibilité pour s’adapter aux mutations du marché, exportent, créent de la valeur et de l’emploi.
Les grandes entreprises cotées se portent bien
Il y a lieu de reconnaître que les grandes entreprises en Tunisie se portent bien et investissent dans le développement de leurs projets de croissance. C’est ainsi que le groupe Poulina a investi en 2013 pas moins de 91 MD dans plusieurs projets à l’intérieur du pays, mais aussi sur le plan international.
Monoprix investit en Libye et au Maroc en plus de l’ouverture de grandes surfaces en Tunisie. Le groupe Loukil pratique la croissance externe avec l’acquisition de 67% de GIF Filter pour 15 MD.
Des perspectives actives et positives
La Bourse de Tunis déploie plusieurs programmes et actions en vue de promouvoir la culture boursière et de favoriser le développement des activités de la Bourse.
Il s’agit d’attirer les opérateurs économiques pour investir en Bourse, mais aussi d’inciter les chefs d’entreprises à se faire coter en Bourse pour élargir le marché financier et le rendre plus attractif. C’est un programme d’éducation du public financé par ICF, un fonds africain financé par des multinationales destiné à stimuler l’épargne boursière par des conférences, des ateliers pédagogiques et des modules de formation. La cession à travers la Bourse des entreprises confisquées par l’État permettra d’animer la Bourse de Tunis et de financer le budget de l’État.
Les collectivités locales qui manquent de financements et de moyens matériels pourraient être financées à travers la Bourse par le biais des emprunts obligataires.
Il est prévu d’organiser en 2014 la deuxième édition du Salon de la Bourse et des services financiers qui a connu en 2013 un franc succès, car il favorise les échanges et le dialogue entre tous les partenaires du marché financier pour dissiper le climat morose de l’investissement. Un portail éducatif est en cours de préparation, il comporte des modules de formations interactifs. La Bourse se propose de créer le volet pratique manquant entre la Bourse et l’université en lançant la Bourse on-line.
Il s’agit de valoriser des portefeuilles d’actions avec des montants au départ compris entre 500 D et 2000 D.
Ridha Lahmar