Faut-il vraiment accabler Lassaâd yakoubi ?

 Par Sami MAHBOULI*

Ces derniers temps, Lassaâd Yakoubi doit entendre siffler ses oreilles en permanence ; il faut dire qu’avoir des millions de Tunisiens qui se répandent en insultes et en imprécations à la moindre évocation de son nom ne doit pas être une sinécure.
Evidemment, il n’est pas pour rien dans ce statut d’ennemi public numéro Un : user de sa qualité syndicale pour inciter les enseignants du secondaire à retenir les notes des élèves est un acte particulièrement immoral outre son illégalité flagrante ; prendre en otage des enfants est le comble de l’ignominie, vouloir, de surcroit, en retirer quelques avantages pécuniaires a de quoi donner la nausée.
Et si ce triste Yakoubi n’était, en fait, que la victime d’une méprise, d’une simple confusion ? Il semblerait, en effet, que ce bougre confonde, en réalité, deux notions bien distinctes : Les maîtres et les maîtres-chanteurs.
Dépourvu d’une formation supérieure suffisante, notamment dans la langue de Molière, ce pauvre Yakoubi ne fait pas la différence entre les maîtres, ceux dont la vie est consacrée à la transmission du savoir à nos enfants, et les maîtres-chanteurs, ceux dont l’art est de pratiquer le chantage pour extorquer un avantage financier ou autre.
La rétention des notes que Yakoubi, au mépris de la loi et de la morale, a décrété prouve qu’il confond maîtres et maîtres-chanteurs ou, plus grave, qu’il souhaite que les maîtres se transforment, aux yeux de millions de familles tunisiennes, en maîtres-chanteurs.
Faut-il, pour autant, en vouloir à Yakoubi et l’accabler à ce point ? Ses lacunes cognitives ne sont-elles pas le résultat de la carence du système éducatif ? N’est-il pas victime lui-même de maîtres qui n’ont pas su combler les trous de sa formation ?
C’est la raison pour laquelle j’appelle à une certaine indulgence à son égard puisqu’il est clair que son inconséquence qui frise la déraison a des racines lointaines qu’il faut aller chercher sur les bancs d’une école qui ne l’a pas suffisamment préparé. Vous me direz que l’UGTT aurait pu éviter de désigner à la tête de la Fédération de l’enseignement secondaire un individu dont la formation académique est si lacunaire ; pour un tel secteur, il était opportun de choisir un individu qui soit capable d’éviter des confusions terminologiques qui risquent de faire passer une corporation aussi noble pour des adeptes du chantage.
Les enseignants, qui comme des moutons de Panurge, se laissent abuser par un syndicaliste proche de l’illettrisme ne sont pas exempts de reproches.
Avant de tomber dans la sédition et l’illégalité, les enseignants du secondaire auraient pu s’assurer du quotient intellectuel et du niveau de connaissances de leur maître à penser. Ne sont-ils pas, par excellence, outillés pour faire subir à ce cancre de Yakoubi quelques exercices élémentaires de dictée et de grammaire ?
Si les enseignants avaient pris, préalablement, la peine de tester ses connaissances, ils se seraient aisément rendu compte, au vu de sa note finale, qu’il ne pouvait que les conduire sur les chemins de l’opprobre et du déshonneur.

*Avocat et éditorialiste

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