Faux héros et faux traîtres

La déchéance que connaît actuellement la nation arabe n’a plus rien d’étonnant. C’est un fait qui ne mérite même pas la moindre interrogation ou la plus banale inquiétude. Il en va de même de tous ces égarés dans les sphères de la «pensée arabe» en crise qui n’est plus digne d’intérêt ou d’une quelconque explication. Le discours arabe n’a plus de sens que par rapport au passé. Des ténèbres opaques et sibyllines du passé ont émergé de nouveaux «prophètes de la détox». On se demande, à ce stade, ce que l’on pourrait encore assainir, mais nous devons bien avoir quelque chose à expier. Nous sommes tombés, petits, dans la marmite de la culpabilité. C’est ainsi que des voix timides se sont élevées dans certains pays arabes pour mettre en garde contre l’invasion médiatique occidentale. Car il y va, dit-on, de nos repères identitaires et de nos propres références culturelles. Mais cette «prise de conscience» est venue, hélas, tardivement. Nous nous retrouvons encore une fois dans la situation du «colonisé» qui essaie de rassembler toutes ses forces pour stopper la terrible avancée des envahisseurs, alors qu’il était possible de s’y opposer avant même que cette usurpation ou plutôt ce «viol des consciences» ne soit entamé. Nous autres Arabes, avons appris à méditer sur toute chose et à spéculer fort longtemps sur l’avenir. Nous sommes désormais incapables de reconnaître l’évidence de l’impasse tant que nous n’avons pas eu la tête contre le mur. Dans notre perception des choses, est jugé comme lâche celui qui cherche à éviter les dangers. Par contre, la témérité devient un mérite personnel et une noble valeur morale. Une impasse fortement émotionnelle dans laquelle il ne peut y avoir que de faux traîtres et de faux héros.
Nous avons essayé à plusieurs reprises dans cette rubrique, d’attirer l’attention sur les dangers de certains médias occidentaux qui ont toujours cherché à distiller leur idéologie destructrice et ce, conformément à des stratégies pernicieuses établies par l’Occident ainsi que par l’entité sioniste. Dès lors, les accusations des officines droits-de-l’hommisme à sens unique, des pétitionnaires utopistes, des fondamentalistes aux oripeaux afghans, nous assaillent et nous traitent d’»ennemis de la liberté». Mais, maintenant, avec l’intensification des agressions médiatiques, quelques voix ont réagi dans de nombreux pays arabes pour parler de guerre mentale, où l’on tire des mots et des images au lieu de balles. Personnellement, je suis intimement convaincu qu’il faut considérer les mots et les images comme des armes concrètes, chaque invective, mensonge ou menace comme un acte de violence et d’agression. En effet, la question n’est plus un simple avertissement d’un danger imminent, mais plutôt la résistance à une invasion déjà bien établie. La logique de la confrontation devient donc notre destin, car il y va de la survie de notre culture et de notre civilisation.
Depuis plusieurs siècles, les Arabes n’ont pas quitté la sphère de l’autodéfense. Chaque fois qu’ils sont submergés par la sensation apaisante de stabilité ontologique, ils se réveillent aussitôt sur une nouvelle invasion de l’ennemi. Mais la spécificité de l’agression actuelle, menée à travers les tentacules médiatiques, réside dans le fait que plusieurs «soldats» de l’ennemi ont les traits arabes. Aussi, le financement est-il arabe, alors que la planification et l’orientation du cours de la «bataille» sont entre les mains des forces adverses et leurs alliés à la fois directs et indirects.

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana